Huntington’s disease research news.
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Un message puissant : un ARN messager toxique cause-t-il des dommages dans la maladie de Huntington ?

Que faire si, dans la maladie de Huntington, certains problÚmes étaient dus à autre chose que la protéine nocive ?

Les chercheurs ont longtemps cru que le gĂšne de la maladie de Huntington provoquait des problĂšmes en intimant aux cellules de produire une protĂ©ine nocive. Une curieuse nouvelle Ă©tude animale rĂ©alisĂ©e par des chercheurs en Espagne suggĂšre que nous devrions prendre en considĂ©ration plus d’un suspect pour rĂ©soudre complĂštement les problĂšmes causĂ©s par la mutation MH.

Le dogme central de la biologie

Chaque personne atteinte de la maladie de Huntington porte la mĂȘme mutation gĂ©nĂ©tique de base, hĂ©ritĂ©e de sa mĂšre ou de son pĂšre. Cette mutation est situĂ© dans un gĂšne que nous appelons tout simplement le gĂšne MH, pour faire simple.

Tout ce que vous devez savoir sur la biologie moléculaire - dans l'ADN, le gÚne MH fournit des instructions pour créer la protéine huntingtine. Une molécule informative, composée d'ARN, achemine le message du gÚne vers le processus de production des protéines dans les cellules.
Tout ce que vous devez savoir sur la biologie molĂ©culaire – dans l’ADN, le gĂšne MH fournit des instructions pour crĂ©er la protĂ©ine huntingtine. Une molĂ©cule informative, composĂ©e d’ARN, achemine le message du gĂšne vers le processus de production des protĂ©ines dans les cellules.

La mutation responsable de la MH est une expansion d’une sĂ©quence ADN dĂ©jĂ  rĂ©pĂ©titive situĂ©e dans le gĂšne. PrĂšs d’une extrĂ©mitĂ© du gĂšne, nous trouvons des lettres gĂ©nĂ©tiques C-A-G rĂ©pĂ©tĂ©es encore et encore. Le gĂšne MH des personnes qui ne sont pas atteintes de la MH comporte environ 20 rĂ©pĂ©titions de cette sĂ©quence ADN. Cependant, si vous hĂ©ritez d’une copie du gĂšne MH ayant plus de 39 rĂ©pĂ©titions, la maladie de Huntington se dĂ©veloppera Ă  un moment donnĂ© au cours de votre vie.

Les gĂšnes sont utilisĂ©s par les cellules en tant qu’instructions, ou recettes, pour crĂ©er des protĂ©ines. Les protĂ©ines sont des machines qui rendent les cellules fonctionnelles. Toutes les choses sympathiques que peuvent rĂ©aliser nos cellules dĂ©pendent de l’interaction complexe de milliers de protĂ©ines diffĂ©rentes circulant et tourbillonnant Ă  l’intĂ©rieur de chaque cellule.

Entre les instructions situĂ©es dans nos gĂšnes et les protĂ©ines qui rĂ©alisent des choses dans toutes nos cellules, il existe une Ă©tape intermĂ©diaire. Dans la mesure oĂč l’ADN est trĂšs important et doit ĂȘtre protĂ©gĂ© coĂ»te que coĂ»te, la cellule copie les instructions dans une nouvelle molĂ©cule appelĂ©e ARN, lorsqu’elle a besoin d’une copie d’une protĂ©ine spĂ©cifique.

Etant donnĂ© qu’elles portent des informations d’un endroit dans la cellule Ă  un autre, les scientifiques appellent ces copies de travail des ‘ARN messager’ ou ARNm.

Lorsque l’ARNm circule, la cellule va le lire et suivre ses instructions pour produire la protĂ©ine correspondante. Cette sĂ©quence – gĂšne, ARNm, protĂ©ine – est la maniĂšre selon laquelle la fabrication des protĂ©ines est rĂ©alisĂ©e et contrĂŽlĂ©e dans toutes les cellules. Ceci est tellement important qu’elle est parfois appelĂ©e le ‘dogme central de la biologie’.

Quel est le méchant ?

Lequel de ces acteurs est le mĂ©chant ? La plupart des scientifiques travaillant sur la MH pensent que c’est la protĂ©ine mutante, et non le gĂšne ou le messager, qui est Ă  l’origine de la plupart des problĂšmes dans les cellules des personnes ayant la mutation MH. Et il existe une tonne de preuves selon lesquelles la protĂ©ine est Ă  blĂąmer s’agissant de nombreuses choses qui ne fonctionnent pas bien dans les cellules ayant la mutation MH. Mais s’agit-il de la situation globale ?

Dans certaines autres maladies gĂ©nĂ©tiques, la molĂ©cule informative est elle-mĂȘme la cause principale des problĂšmes. Par exemple, dans la dystrophie myotonique, laquelle est Ă©galement causĂ©e par trop de rĂ©pĂ©titions d’une sĂ©quence gĂ©nĂ©tique de trois lettres, les molĂ©cules informatives ayant de longues rĂ©pĂ©titions conduisent au fait que les cellules ne fonctionnent pas correctement et Ă  la fin, meurent – c’est l’ARNm qui est Ă  blĂąmer, pas la protĂ©ine correspondante.

Il existe depuis longtemps un groupe de scientifiques qui pense que le messager pourrait Ă©galement ĂȘtre nocif dans la maladie de Huntington. Une nouvelle Ă©tude d’un groupe de scientifiques espagnols suggĂšre que ces chercheurs, qui sortent des sentiers battus, pourraient ĂȘtre sur quelque chose.

Premiers travaux sur les cellules

En 2012, un groupe de chercheurs dirigĂ© par Eulalia Marti de l’UniversitĂ© de Barcelone a dĂ©crit une Ă©tude trĂšs intĂ©ressante portant sur le messager du gĂšne MH. Ils ont dĂ©couvert que les molĂ©cules informatives des gĂšnes MH mutants – ceux trouvĂ©s chez les personnes qui dĂ©veloppent la maladie de Huntington – pourraient ĂȘtre toxiques pour les cellules cultivĂ©es en laboratoire. Les molĂ©cules informatives des gĂšnes normaux ne sont pas toxiques pour les cellules.

C’était surprenant dans la mesure oĂč l’équipe de chercheurs avait pris soin de s’assurer que les molĂ©cules informatives qu’ils Ă©tudiaient ne pouvaient pas vraiment ordonner aux cellules de produire une protĂ©ine mutante. Elle a Ă©galement rĂ©alisĂ© des expĂ©riences de suivi dĂ©taillĂ©es et identifiĂ© certains des acteurs clĂ©s situĂ©s dans la cellule qui rendent le messager toxique.

Mais, quelque chose qui peut survenir dans des cellules cultivĂ©es dans une boĂźte ne signifie pas que cette chose puisse survenir dans des cerveaux vivants, et par consĂ©quent, l’équipe de Marti a ensuite portĂ© son attention sur un modĂšle murin de la maladie de Huntington et sur des cerveaux de patients MH. Les chercheurs ont trouvĂ©, dans les rĂ©gions malades des cerveaux humains et des cerveaux de souris, la preuve de morceaux toxiques de la molĂ©cule informative du gĂšne MH. Lorsqu’ils ont soigneusement Ă©liminĂ© de ces cerveaux toutes les protĂ©ines et d’autres choses, laissant seulement les molĂ©cules informatives, ils ont constatĂ© que ces molĂ©cules informatives rendaient malades les cellules saines.

Il s’agit lĂ  d’une assez bonne preuve de ce que quelque chose d’intĂ©ressant se produit avec la molĂ©cule informative du gĂšne MH, et qu’il est trĂšs possible que certaines des raisons pour lesquelles les cellules deviennent malades dans la MH pourraient s’expliquer par des choses autres que la protĂ©ine mutante.

«Cette nouvelle Ă©tude utilise un moyen habile pour dĂ©montrer que le messager pourrait ĂȘtre nocif et que le dommage pourrait ĂȘtre important.»

Nouvelle étude sur les souris

RĂ©cemment, l’équipe de Marti a publiĂ© une Ă©tude de suivi intĂ©ressante suggĂ©rant qu’elle pourrait ĂȘtre sur quelque chose d’important. Cette nouvelle Ă©tude utilise un moyen habile pour dĂ©montrer que le messager pourrait ĂȘtre nocif et que le dommage pourrait ĂȘtre important.

Marti et son Ă©quipe ont rĂ©flĂ©chi Ă  un moyen d’empĂȘcher la molĂ©cule informative du gĂšne MH d’ĂȘtre toxique, sans changer les taux de la protĂ©ine produite Ă  partir du gĂšne MH. En d’autres termes, le messager est encore lĂ  et peut encore ĂȘtre lu par le mĂ©canisme de production de protĂ©ines, mais il n’est plus capable de causer directement des dommages.

Plus Ă©tonnant encore, ils ont trouvĂ© un moyen de rĂ©aliser cela, en utilisant quelque chose que l’on appelle oligonuclĂ©otide antisen, ou ASO.

Si vous ĂȘtes dĂ©jĂ  familier avec les ASOs, c’est probablement parce qu’ils sont actuellement Ă  l’essai chez des patients MH en tant que thĂ©rapie potentielle. En gĂ©nĂ©ral, le travail des ASOs est de trouver leur chemin dans les cellules et de se lier aux molĂ©cules informatives.

Les ASOs actuellement testĂ©s chez l’homme, fabriquĂ©s par la compagnie Ionis Phamarceuticals, adhĂšrent Ă  la molĂ©cule informative du gĂšne MH, et la ciblent en vue de sa destruction. Moins de messagers signifie moins de protĂ©ines – et nous espĂ©rons qu’ils protĂ©geront les cellules contre les dommages. Cette approche se nomme rĂ©duction de la huntingtine ou parfois, silençage gĂ©nique.

Mais les ASOs utilisĂ©s par Marti et ses collĂšgues fonctionnent d’une maniĂšre subtilement diffĂ©rente. Ils s’introduisent dans les cellules et trouvent la molĂ©cule informative MH, mais une fois qu’ils l’ont trouvĂ©e, ils s’y lient seulement et s’y accrochent. Pas de destruction du messager MH, et par consĂ©quent pas de changement dans les taux de la protĂ©ine.

Pourquoi voudrions-nous un tel ASO, inutile ? Parce que l’équipe de Marti a constatĂ© qu’en liant l’ASO au message du gĂšne MH, les effets toxiques du message qu’ils avaient cartographiĂ©s dans leur prĂ©cĂ©dente Ă©tude ont Ă©tĂ© bloquĂ©s. Bref, ils ont trouvĂ© un outil trĂšs cool pour tester l’importance du rĂŽle jouĂ© par le messager du gĂšne MH.

Lorsqu’ils ont injectĂ© cet ASO particulier dans des cerveaux de modĂšles murins de la MH, ils ont constatĂ© des rĂ©ductions dans les effets toxiques du messager mais aucun changement dans la protĂ©ine MH, tel qu’ils l’avaient prĂ©dit. Encore plus Ă©tonnant, ils ont constatĂ© que bien qu’il y ait encore beaucoup de protĂ©ines autour, les souris ont agi beaucoup plus sainement.

Qu’est-que tout cela signifie-t-il ?

Il s’agit d’une recherche scientifique vraiment cool, car elle a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e avec beaucoup de soins et nous rappelle que devons continuellement remettre en question nos hypothĂšses sur le fonctionnement de la MH. Des problĂšmes aussi complexes que la MH sont susceptibles d’avoir des causes multiples – et il est totalement raisonnable que le messager et la protĂ©ine créée Ă  partir du gĂšne mutant puissent tous les deux ĂȘtre toxiques.

Qu’est-ce que cela signifie pour les thĂ©rapies MH, en particulier pour l’essai en cours portant sur les ASOs (rĂ©duction de la huntingtine) ? Nous n’en sommes pas sĂ»rs encore mais intuitivement, il serait logique qu’un ASO, du type de celui actuellement testĂ© par la compagnie Ionis, devrait ĂȘtre bĂ©nĂ©fique pour les deux types d’effets toxiques – ceux causĂ©s par le message et ceux causĂ©s par la protĂ©ine. De nombreuses autres approches pour rĂ©duire la huntingtine pourraient Ă©galement supprimer le messager et la protĂ©ine toxiques. Et mĂȘme si de futurs traitements rĂ©duisent ‘seulement’ les taux de la protĂ©ine, nous sommes encore assez sĂ»rs qu’il s’agirait vraiment d’une bonne chose Ă  faire. C’est un soulagement !

Maintenant que Marti et son Ă©quipe ont montrĂ© la voie, les chercheurs peuvent Ă  l’avenir vĂ©rifier comment une nouvelle thĂ©rapie proposĂ©e affecte les deux types possibles de toxicitĂ© causĂ©s par la mutation MH.

Pour en savoir plus

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