Huntington’s disease research news.

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Les cellules souches neurales forment de bonnes connexions.

Remplacement des neurones chez les souris avec des cellules souches ; la thérapie de remplacement pourrait fonctionne

De nouveaux travaux suggèrent que les neurones fabriquĂ©s Ă  partir de cellules souches peuvent remplacer des neurones adultes, mieux que nous ne l’envisagions – au moins chez les souris dont les cerveaux ont Ă©tĂ© endommagĂ©s par une toxine. Quelle est la probabilitĂ© que ceci puisse aider les patients MH – le remplacement cellulaire est-il possible dans un Ă©tat plus chronique ?

La MH et la perte des cellules du cerveau

La maladie de Huntington est causée par une neurodégénérescence, ou la perte de cellules du cerveau appelées neurones. Au début de la MH, cette perte cellulaire affecte particulièrement les neurones situés dans une partie du cerveau, appelée le striatum. Au sein même du striatum, un type de neurones, appelé les neurones épineux moyens, est le plus sensible à la dégénérescence. Ces neurones composent 96% du striatum ; leur perte est donc une mauvaise nouvelle pour cette partie du cerveau.

Cellules souches embryonnaires cultivées dans une boîte de Pétri
Cellules souches embryonnaires cultivées dans une boîte de Pétri
Image credit: PNAS

Les symptĂ´mes de la maladie de Huntington reflètent cet exemple distinctif de perte cellulaire. Le striatum aide Ă  contrĂ´ler nos mouvements corporels et nos Ă©motions, ainsi que l’exĂ©cution des tâches cognitives, telles que l’apprentissage, les multitâches et la rĂ©solution des problèmes. Ce sont tous ces domaines, rapportĂ©s par les patients, qui sont affectĂ©s par la maladie de Huntington.

Le problème avec les maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives, comme la MH, est que des neurones vulnĂ©rables, comme les neurones Ă©pineux moyens, ne repoussent pas une fois qu’ils sont perdus. En l’Ă©tat de nos connaissances actuelles, une fois qu’ils sont partis, ils ne reviendront pas.

Le cerveau peut faire face Ă  la perte

Le projet TRACK-HD, dirigĂ© par le Professeur Sarah Tabrizi, a utilisĂ© l’IRM pour rĂ©vĂ©ler la perte perceptible de tissu cĂ©rĂ©bral au dĂ©but de l’Ă©volution de la maladie. Cette progression de la perte neuronale est observĂ©e bien avant que les symptĂ´mes soient rapportĂ©s par les patients.

Il s’agit, d’une certaine manière, d’une mauvaise nouvelle – les cerveaux des personnes porteuses de la mutation se rĂ©trĂ©cissent bien avant que celles-ci ne ressentent les symptĂ´mes que nous appelons ‘MH’. Mais une autre façon de voir ceci est très optimiste – malgrĂ© le fait que la plupart des neurones ne se rĂ©gĂ©nèrent pas, le cerveau peut encore faire preuve d’une remarquable flexibilitĂ© pour compenser et maintenir la fonction normale.

Dans la mesure où la dégénérescence des neurones épineux moyens dans le striatum provoque les symptômes de la maladie de Huntington, une approche de traitement pourrait être le remplacement des neurones perdus.

Le remplacement cellulaire dans les maladies du cerveau

Même si cela peut sembler être du domaine de la science-fiction, ceci pourrait être plus réalisable que nous ne le pensions. Pour le traitement de la maladie de Parkinson, cette approche a déjà été entreprise avec un succès modéré.

La maladie de Parkinson est causĂ©e par la dĂ©gĂ©nĂ©rescence d’un tout petit, mais important, ensemble de neurones qui produisent une substance chimique du cerveau, appelĂ©e la ‘dopamine’. La perte de ces cellules provoque des tremblements, de la raideur et un manque de coordination.

Dans des essais cliniques, la transplantation de cellules issues de tissus fĹ“taux dans les cerveaux de patients atteints de la maladie de Parkinson, a eu – dans certains cas – pour rĂ©sultat de sensibles amĂ©liorations dans les mouvements anormaux et la santĂ© globale.

Toutefois, par rapport Ă  la maladie de Huntington, le traitement de la maladie de Parkinson par la thĂ©rapie de remplacement cellulaire est relativement simple. Puisque la perte de dopamine dans les cerveaux atteints de la maladie de Parkinson cause les symptĂ´mes de celle-ci, le remplacement de la source de dopamine est nĂ©cessaire pour traiter la maladie. Afin d’obtenir un effet bĂ©nĂ©fique, il importe seulement que les cellules transplantĂ©es soient capables de croĂ®tre et de libĂ©rer de la dopamine.

Malheureusement, ce n’est pas le cas dans la maladie de Huntington. Les neurones Ă©pineux moyens dans le striatum ont de nombreux liens complexes avec d’autres neurones dans le cerveau. Ceux-ci sont nĂ©cessaires tant pour recevoir des informations Ă  partir de ces autres rĂ©gions que pour les faire circuler.

«… toutefois, par rapport Ă  la maladie de Huntington, le traitement de la maladie de Parkinson par la thĂ©rapie de remplacement cellulaire est relativement simple. »

Il n’est pas surprenant que ce processus soit assez compliquĂ©, dans la mesure oĂą la formation des connexions entre les neurones dĂ©bute lors du dĂ©veloppement dans l’utĂ©rus et continue tout au long de nos vies. Ces connexions se forment et se reforment, fondĂ©es sur la gĂ©nĂ©tique et l’expĂ©rience.

Nous pourrions donc ne pas nous attendre à ce que le remplacement des neurones épineux moyens puisse réparer les effets dévastateurs de la maladie de Huntington, car il est peu probable que des cellules de remplacement soient en mesure de reformer les connexions spécifiques avec les autres cellules du cerveau.

Preuve de concept dans un cerveau de souris

IntĂ©ressĂ©e par l’idĂ©e de tester le remplacement cellulaire, une Ă©quipe de l’UniversitĂ© du Wisconsin, dirigĂ©e par Su-Chun Zhang, a rĂ©cemment injectĂ© des cellules de remplacement chez les souris dont le striatum a Ă©tĂ© endommagĂ©. Ils ont constatĂ© que les cellules transplantĂ©es sont en mesure de former de nouvelles connexions dans le cerveau d’une souris adulte, et plus important encore, que ces connexions peuvent amĂ©liorer les mouvements anormaux du modèle de souris.

Les cellules transplantĂ©es dans les cerveaux des souris ont Ă©tĂ© produites Ă  partir de cellules souches embryonnaires humaines, lesquelles sont obtenues Ă  partir d’embryons Ă  un stade très prĂ©coce, Ă©cartĂ©s après des procĂ©dures de fĂ©condation in vitro (FIV) et peuvent se transformer en tout type de cellules du corps humain, y compris les neurones et autres cellules du cerveau.

L’avantage de l’utilisation des cellules souches embryonnaires, par opposition Ă  l’obtention de neurones Ă  partir des tissus fĹ“taux, est la capacitĂ© de celles-ci Ă  se rĂ©gĂ©nĂ©rer continuellement, crĂ©ant une source plus consĂ©quente de tissus.

Sonic hedgehog (littĂ©ralement ‘le hĂ©risson sonique’) : le secret des neurones Ă©pineux ?

Ce qui rend un type de cellules diffĂ©rent des autres est l’ensemble des protĂ©ines produites par les cellules, permettant Ă  celles-ci de prendre des formes et fonctions diffĂ©rentes.

Par exemple, un neurone, qui transmet des impulsions nous permettant de penser et de bouger, a dans l’organisme un rĂ´le très diffĂ©rent de celui issu des cellules tapissant nos intestins ou absorbant les Ă©lĂ©ments nutritifs. Pour fabriquer un neurone Ă  partir d’une cellule souche, l’action des protĂ©ines, appelĂ©e facteurs de transcription, produit une cellule souche progressivement plus spĂ©cifique. Les facteurs de transcription agissent en mettant en marche certains gènes, tout en arrĂŞtant d’autres.

L’Ă©quipe de Zhang a traitĂ© des cellules souches embryonnaires humaines avec un facteur de transcription, appelĂ© Sonic Hedgehog (littĂ©ralement ‘le hĂ©risson sonique’), ou un produit chimique qui imite ses effets, et a dĂ©clenchĂ© les cellules pour les transformer en neurones. Ces neurones artificiels ressemblaient Ă  des neurones Ă©pineux moyens matures – les cellules spĂ©cifiques perdues dès le dĂ©but de la maladie de Huntington.

Le remplacement des neurones dans le cerveau de la souris

Dans le passé, avant que les bases génétiques de la maladie de Huntington ne soient comprises, les chercheurs modélisaient la maladie chez les souris en les traitant avec une neurotoxine appelée acide quinoléique.

Des épines partout ... Un facteur de transcription appelé 'Sonic Hedgehog' a amené des cellules souches à se développer en neurones épineux moyens.
Des Ă©pines partout … Un facteur de transcription appelĂ© ‘Sonic Hedgehog’ a amenĂ© des cellules souches Ă  se dĂ©velopper en neurones Ă©pineux moyens.

Le traitement par acide quinolĂ©ique ne cause pas la MH, mais il entraĂ®ne la mort des neurones Ă©pineux moyens dans le striatum ; c’est ce qui se passe Ă©galement dans la MH.

Aujourd’hui, les modèles de souris sont bien plus avancĂ©s – chez les souris pourvues du gène huntingtin, ils sont porteurs de la mutation responsable de l’expansion de CAG ou d’une copie supplĂ©mentaire du gène Huntingtin mutĂ©. Ces modèles gĂ©nĂ©tiques de souris prĂ©sentent des symptĂ´mes physiques et comportementaux semblables Ă  ceux de la vraie maladie.

Lors de ses rĂ©cents travaux, l’Ă©quipe de Zhang a utilisĂ© l’acide quinolĂ©ique pour imiter la perte cellulaire dans la maladie de Huntington, et ils ont alors remplacĂ© les cellules perdues en injectant des cellules, similaires aux neurones Ă©pineux moyens, qu’ils ont produites Ă  partir de cellules souches embryonnaires humaines.

Ils étaient contents de découvrir que, non seulement, les neurones nouvellement formés se sont développés dans les cerveaux des souris, mais que ceux-ci ont également été en mesure de former de bonnes connexions avec les tissus environnants. Une amélioration modérée des symptômes a été observée lorsque les fonctions motrices des souris ont été testées.

Espoirs et limites

Ce rĂ©sultat est plein d’espoir puisqu’il suggère que les neurones transplantĂ©s ont une plus grande capacitĂ© Ă  former des connections fonctionnelles qu’il n’Ă©tait envisagĂ© auparavant. Cela signifie que la thĂ©rapie cellulaire pour la maladie de Huntington pourrait ĂŞtre une rĂ©elle possibilitĂ© dans l’avenir.

Toutefois, il convient de noter que cette Ă©tude utilise un modèle de souris traitĂ© Ă  l’acide quinolĂ©ique, oĂą les autres neurones, non touchĂ©s, sont en bonne santĂ©. Ce n’est pas le cas dans le cerveau affectĂ© par la vraie MH. La formation de connexions saines pourrait ĂŞtre plus difficile chez les patients MH.

En outre, les souris utilisĂ©es dans cette Ă©tude ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une radiothĂ©rapie pour dĂ©sactiver le système immunitaire, ce qui signifie qu’elles ne rejetteront pas les tissus transplantĂ©s. Bien que le cerveau soit gĂ©nĂ©ralement protĂ©gĂ© par notre système immunitaire, il y a toujours un risque de rejet des tissus transplantĂ©s après l’intervention chirurgicale. Ainsi, si ceci Ă©tait tentĂ© chez les patients humains, ceux-ci devront sans doute prendre des mĂ©dicaments pour supprimer le système immunitaire, les exposant au risque de dĂ©velopper de graves infections.

Avec la thĂ©rapie cellulaire, en particulier en utilisant des tissus produits Ă  partir de cellules souches embryonnaires, il existe Ă©galement un risque de croissance cellulaire incontrĂ´lĂ©e – ce qui pourrait entraĂ®ner le cancer. Il y a de rĂ©elles questions sur la façon d’interrompre la croissance des cellules transplantĂ©es une fois qu’elles ont terminĂ© de remplacer les cellules mortes.

De toute Ă©vidence, les traitements par remplacement cellulaire devront ĂŞtre affinĂ©s avant que des essais cliniques n’aient lieu. Mais ces nouveaux travaux suggèrent que les nouveaux neurones pourraient ĂŞtre plus flexibles que ce que nous pensions auparavant.

Pour en savoir plus

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