
Un rĂŽle de premier rang pour les astrocytes dans le cadre de la maladie de Huntington ?
Les astrocytes, cellules cĂ©rĂ©brales, pourraient jouer un rĂŽle bien plus important quâon ne le pensait dans la MH
Nous savons que les neurones sont trĂšs importants dans le cadre de la maladie de Huntington. Mais, le cerveau possĂšde dâautres types de cellules jouant « les seconds rĂŽles ». De nouvelles recherches ont montrĂ© que les astrocytes peuvent mal se comporter dans le cadre de la maladie de Huntington, entraĂźnant un dysfonctionnement des neurones.
Les cellules du cerveau ne sont pas toutes des neurones
Les neurones sont connus. Ils sont les stars du cerveau, attirant et obtenant toute l’attention. Nous savons que les neurones envoient et reçoivent des signaux Ă©lectriques entre eux, et reçoivent tout le mĂ©rite de la formation des pensĂ©es et souvenirs. Toutefois, comme toute star de cinĂ©ma le sait, la cĂ©rĂ©monie des Oscars serait impossible sans la prĂ©sence d’un certain nombre d’autres acteurs cachĂ©s derriĂšre les rideaux, travaillant, par exemple, sur les costumes, le maquillage et les dĂ©cors.

Les types de cellules jouant les seconds rĂŽles dans le cerveau sont appelĂ©es les cellules gliales. Celles-ci ne rĂ©alisant pas de tours Ă©lectriques fantaisistes, elles ne sont pas sur le devant de la scĂšne, mais forment la âcolleâ qui maintient le bon fonctionnement du cerveau. En effet, le mot âgliaâ signifie, en fait, la colle. Un des principaux types de cellules gliales est lâastrocyte, cellule âĂ©toileâ. Elle est appelĂ©e ainsi car elle a une forme ressemblant vaguement Ă une Ă©toile. Mais, mĂȘmes si les astrocytes sont trĂšs importantes dans les coulisses pour lâensemble du spectacle, on ne sait pas prĂ©cisĂ©ment ce quâelles font pour que tout fonctionne correctement, notamment dans le cadre de la maladie de Huntington.
La maladie de Huntington et le striatum
La maladie de Huntington touche en particulier les neurones situĂ©s dans le striatum, partie du cerveau qui est importante pour les mouvements. Elle a pour consĂ©quence le dĂ©pĂ©rissement, puis la disparition des neurones. On ne sait pas clairement comment la maladie cause des dommages aux neurones, ou pourquoi elle choisit ces neurones en particulier, mais il y a, Ă lâavance, quelques signes de troubles. Par exemple, les neurones striataux atteints de la MH agissent diffĂ©remment ; ils sont plus excitables, d’une maniĂšre Ă©lectrique. Franchement nerveux, en fait.
Et, les neurones striataux atteints de la MH ont un aspect un peu diffĂ©rent que celui prĂ©vu – ils ont de minuscules gouttes qui ne peuvent ĂȘtre vues que sous microscope. La mutation du gĂšne, responsable de la maladie de Huntington, crĂ©e une protĂ©ine plus collante que la protĂ©ine huntingtine normale, laquelle s’agglutine en gouttes, appelĂ©es « inclusions », donnant aux neurones striataux des tĂąches de rousseur, observĂ©es sous microscope. Ainsi, ces neurones agissent un peu diffĂ©remment, se prĂ©sentent un peu diffĂ©remment, bien avant mĂȘme qu’ils ne commencent Ă dĂ©gĂ©nĂ©rer.
LâĂ©tude des cellules microgliales dans le cadre de la MH
Dans une prĂ©-Ă©tude, une autre Ă©quipe a montrĂ© que placer la mutation MH uniquement dans les astrocytes a pour consĂ©quence le dĂ©veloppement dâinclusions Ă lâintĂ©rieur de ceux-ci, comme dans les neurones, mĂȘme si les cellules gliales sont un type de cellules complĂštement diffĂ©rent. Encore plus surprenant, placer la mutation MH uniquement dans les astrocytes a pour consĂ©quence la dĂ©gĂ©nĂ©rescence des neurones voisins nâayant pas la mutation MH ! Ceci a suggĂ©rĂ© que les astrocytes effectuent quelque chose dâimportant pour maintenir les neurones voisins en vie, mĂȘme ceux en bonne santĂ©. Dâune certaine maniĂšre, la mutation MH interfĂšre avec la capacitĂ© des astrocytes Ă maintenir les neurones en bonne santĂ©.
Dans le nouvel article, Sorfoniew et Khakh ont utilisĂ© deux modĂšles murins MH diffĂ©rents pour explorer lâhistoire de lâastrocyte. Dans ces deux modĂšles, ils ont constatĂ© que les mutations MH ont eu pour consĂ©quence des dysfonctionnements des astrocytes, Ă©lectriquement. Ces derniers sont, en fait, devenus trĂšs nerveux mais uniquement dans le striatum â pas dans dâautres parties du cerveau. CâĂ©tait important pour la trame de l’histoire, car ceci a montrĂ© que les astrocytes ont Ă©tĂ© affectĂ©s par la mutation MH avant dâentraĂźner la mort des neurones.
Astrocytes, aspiration du potassium avec Kir4.1
LâexcitabilitĂ© est bonne chez les stars de cinĂ©ma, mais ne lâest pas dans le cerveau. Trop dâexcitabilitĂ© peut, en rĂ©alitĂ©, causer une forme dâĂ©puisement neuronal, ce qui mĂšne Ă la mort neuronale. Une chose rendant les neurones excitables : le potassium en roue libre. Le potassium supplĂ©mentaire doit ĂȘtre Ă©vacuĂ© des neurones, comme la fumĂ©e dans un bar bondĂ©, ou bien il rendra les neurones trop excitables.
Les astrocytes Ă la rescousse ! Ceux-ci possĂšdent une protĂ©ine âcanalâ spĂ©ciale, un peu comme un ventilateur dâextraction, qui aspire le potassium hors de lâespace situĂ© entre les cellules. Ce canal a un nom de scĂšne accrocheur : Kir4.1. Les astrocytes ayant la mutation MH ont moins de Kir4.1 quâon sây attendait. Cela signifie quâils ne peuvent pas supprimer le trop de potassium dâentre les cellules. Câest comme si les neurones faisaient la fĂȘte dans une salle enfumĂ©e privĂ©e de ventilateur et deviennent progressivement de plus en plus malades.

Recharger Kir4.1
Les chercheurs se sont demandĂ©s ce qui se passerait sâils mettaient plus de Kir4.1 dans les astrocytes situĂ©s dans le striatum. Cela supprimerait-il lâexcĂšs de potassium et aiderait les neurones Ă rester en bonne santĂ© ? Il ont trouvĂ© une voie pour dĂ©livrer Kir4.1 dans les astrocytes de souris vivantes. Pas dans leurs neurones, juste dans leurs astrocytes. Effectivement, le ventilateur dâextraction a Ă©tĂ© restaurĂ© et lâexcĂšs de potassium a Ă©tĂ© supprimĂ©, permettant aux neurones de ces souris de se calmer et dâarrĂȘter dâĂȘtre aussi excitĂ©s.
Ces modifications cellulaires ont Ă©tĂ© trĂšs prometteuses, mais quâen est-il sur lâanimal en entier ? Il est important de savoir si le traitement seul des astrocytes pourrait, en fait, aider les souris MH Ă rester en bonne santĂ© et Ă vivre plus longtemps. AprĂšs avoir administrĂ© des protĂ©ines Kir4.1 supplĂ©mentaires aux astrocytes, les souris nâont pas semblĂ© aller sensiblement mieux au cours de tests portant sur les mouvements et lâagilitĂ©, mais elles ont une dĂ©marche tendant Ă ĂȘtre plus normale. Ainsi, le traitement des astrocytes, les âacteurs de soutienâ, ont en quelque sorte amĂ©liorĂ© un des symptĂŽmes moteurs.
Le plus important : les souris traitĂ©s ont vĂ©cu plus longtemps. Beaucoup plus longtemps. Ainsi, mĂȘme si leurs symptĂŽmes moteurs ne se sont pas sensiblement amĂ©liorĂ©s, le traitement des astrocytes a permis au souris MH de vivre plus longtemps.
Un rĂŽle de premier plan dans la maladie de Huntington pour les astrocytes
Ces expĂ©riences sont vraiment intĂ©ressantes car elles ont montrĂ© que les astrocytes pourraient avoir plus qu’un rĂŽle de premier plan qu’on ne le pensait. Des traitements axĂ©s peut-ĂȘtre uniquement sur les neurones pointaient la camĂ©ra dans la mauvaise direction.
Il reste beaucoup de points Ă Ă©tudier dans cette histoire, donc une suite est attendue. Cette Ă©tude n’a pas expliquĂ© comment la mutation du gĂšne MH cause des problĂšmes dans les astrocytes ou comment il a rĂ©duit Kir4.1. Elle n’a pas non plus expliquĂ© comment le traitement Kir4.1 a permis aux souris de vivre plus longtemps, en dĂ©pit du fait que la plupart de leurs symptĂŽmes moteurs nâont pas Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©s. Cette Ă©tude a utilisĂ© des souris avec des mutations MH extrĂȘmes qui pourraient ne pas faire les mĂȘmes choses que les mutations des gĂšnes humains. Mais, cette Ă©tude a changĂ© le fil de l’histoire et a mis des acteurs de second rĂŽle en premier plan. Elle a donnĂ© aux astrocytes le premier rĂŽle. Le prochain Ă©pisode sera trĂšs intĂ©ressant.
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