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Lueur d'espoir : Un nouveau biomarqueur pour la maladie de Huntington

Un nouveau biomarqueur révÚle les changements dans le cerveau au début de la maladie de Huntington

Dans le cadre de la maladie de Huntington, les neurones commencent Ă  mourir bien avant que les symptĂŽmes de la maladie n’apparaissent. Malheureusement, de bons outils pour suivre de prĂšs les premiers changements dans le cerveau – et tester si de nouvelles thĂ©rapies pourraient les ralentir ou les stopper – n’avaient pas Ă©tĂ© auparavant disponibles. Cependant, un outil nouvellement dĂ©veloppĂ©, visant Ă  surmonter ce problĂšme, pourrait apporter de grands changements sur la façon dont nous suivons la maladie de Huntington.

Les symptĂŽmes de la maladie de Huntington sont provoquĂ©s par la mort des neurones situĂ©s dans des parties spĂ©cifiques du cerveau. Cependant, une des curieuses caractĂ©ristiques de la maladie est que les symptĂŽmes apparents n’apparaissent habituellement pas avant qu’un bon nombre de cellules du cerveau ne soient dĂ©jĂ  mortes. Ainsi, il existe un grand dĂ©calage entre le calendrier des changements dans le cerveau et les symptĂŽmes apparents de la maladie de Huntington.

Ce dĂ©calage rend trĂšs important le traitement proactif prĂ©coce de la maladie de Huntington. Pour comprendre pourquoi, imaginez la maladie de Huntington comme un incendie Ă  l’intĂ©rieur d’un bĂątiment. Si personne n’appelle les pompiers avant que la moitiĂ© du bĂątiment ne soit carbonisĂ©e, alors davantage de parties du bĂątiment seront perdues au moment oĂč les pompiers arriveront et leurs efforts ne pourront les sauver. De la mĂȘme maniĂšre, attendre de traiter la maladie de Huntington tant que les symptĂŽmes apparents n’apparaissent pas revient Ă  permettre aux cellules importantes du cerveau de mourir – et une fois ces cellules mortes, elles ne peuvent pas ĂȘtre remplacĂ©es.

Essayer de traiter la maladie de Huntington sans voir les premiers changements dans le cerveau est comme essayer de combattre un feu les yeux fermés.
Essayer de traiter la maladie de Huntington sans voir les premiers changements dans le cerveau est comme essayer de combattre un feu les yeux fermés.
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Par consĂ©quence, un traitement efficace de la maladie de Huntington nĂ©cessitera presque certainement une intervention avant que la perte des cellules du cerveau ne provoque des symptĂŽmes apparents. Malheureusement, il n’existe pas encore de bons outils pour le suivi des changements dans le cerveau au dĂ©but de la maladie. Ce manque d’outils est un problĂšme car cela signifie que les mĂ©decins et les scientifiques ne voient pas ce qui se passe dans le cerveau au dĂ©but de la maladie.

Revenons Ă  notre analogie de l’incendie, essayer de traiter la maladie de Huntington sans voir les premiers changements dans le cerveau est comme essayer de combattre un feu les yeux fermĂ©s. Si vous ne pouvez pas voir le feu, vous ne savez pas si vous le contenez – ou si au contraire, vous avez votre lance d’incendie pointĂ©e entiĂšrement dans la mauvaise direction. De mĂȘme, si les mĂ©decins ne voient pas les premiers changements dans le cerveau, ils ne peuvent pas dire avec exactitude si de nouvelles thĂ©rapies empĂȘchent ou ralentissent ces changements. Cela signifie qu’ils doivent perdre un temps prĂ©cieux – temps que les personnes atteintes de la MH n’ont pas – Ă  attendre que les symptĂŽmes apparents se dĂ©veloppent avant de dĂ©terminer si un traitement a des chances d’ĂȘtre efficace.

Pour Ă©viter ce temps d’attente, nous avons un besoin urgent d’outils pour le suivi des premiers changements dans le cerveau. Tout comme des outils de suivi de la tempĂ©rature d’un incendie fournissent des informations importantes sur l’Ă©tendue de celui-ci, des outils de suivi des premiers changements dans le cerveau fournissent des informations importantes sur l’Ă©tendue de la maladie.

Signe, signe, partout un signe

En clinique, ces outils de suivi sont connus sous le nom de « biomarqueurs ». Les biomarqueurs donnent des signes ou des signaux sur ce qui se passe dans des maladies comme la maladie de Huntington. Ils peuvent consister en n’importe quel type de test – tests sanguins, tests cognitifs, scanners du cerveau et tout le reste – mais ils ont tous une chose en commun : ils mesurent quelque chose de concret s’agissant de la maladie. Un bon biomarqueur nous permet de suivre l’étendue de la maladie, ce qui est important pour prĂ©dire la progression ou savoir si un traitement est efficace.

Par consĂ©quent, dans un sens pratique, les biomarqueurs sont trĂšs importants pour la communautĂ© Huntington car ils peuvent rendre des essais cliniques, portant sur de nouveaux mĂ©dicaments, plus rapides et plus fiables. Avoir de bons biomarqueurs pourrait ĂȘtre une arme puissante dans la lutte contre la maladie de Huntington.

Un biomarqueur pour PDE10

Heureusement, dans le cadre de la maladie de Huntington, un bon biomarqueur concernant les premiers changements dans le cerveau pointe le bout de son nez.

Le nouveau biomarqueur se concentre sur la protĂ©ine PDE10 – une protĂ©ine du cerveau ayant dĂ©jĂ  fait sensation dans le milieu de la recherche scientifique concernant la M.H. Les scientifiques pensent que la protĂ©ine PDE10 aide les neurones Ă  communiquer entre eux et que celle-ci pourrait ĂȘtre une bonne cible thĂ©rapeutique pour la maladie. Chez des animaux, des substances ciblant la protĂ©ine PDE10 amĂ©liorent la survie des cellules du cerveau et retardent le dĂ©but de l’apparition des symptĂŽmes ressemblant Ă  ceux de Huntington. En clinique, un essai en cours, recrutant actuellement des sujets, est entrain de tester si des mĂ©dicaments ciblant la protĂ©ine PDE10 amĂ©liorent les symptĂŽmes chez des personnes atteintes de la M.H.

«Le biomarqueur PDE10 pourrait vraiment ĂȘtre important pour la communautĂ© Huntington car il offre un moyen facile et prĂ©cis pour suivre les premiers changements dans le cadre de la maladie.»

Deux caractĂ©ristiques font de la protĂ©ine PDE10 un biomarqueur particuliĂšrement bien adaptĂ© pour la maladie de Huntington. Tout d’abord, celle-ci est prĂ©sente presque exclusivement dans des rĂ©gions du cerveau oĂč les neurones meurent. Par consĂ©quent, en tant que biomarqueur, elle pourrait fournir des informations spĂ©cifiques sur des problĂšmes de la maladie. Par ailleurs, bien que ces cellules du cerveau produisent normalement beaucoup de protĂ©ine PDE10, elles commencent Ă  en produire de moins en moins bien avant de mourir. Ainsi, un biomarqueur PDE10 pourrait fournir des informations sur les cellules du cerveau qui sont malades, mais pas encore mortes.

Ensemble, ces deux Ă©lĂ©ments d’information pourraient donner Ă  la protĂ©ine PDE10 le potentiel pour ĂȘtre un biomarqueur trĂšs puissant – un qui permettrait aux mĂ©decins de surveiller spĂ©cifiquement la santĂ© des neurones Ă  risque dans le cadre de la maladie de Huntington avant que les symptĂŽmes apparents ne se dĂ©veloppent.

Brille, petit biomarqueur, brille

Avec cette idĂ©e en tĂȘte, les scientifiques de la sociĂ©tĂ© Pfizer ont créé un biomarqueur PDE10 pour suivre les premiers changements dans le cerveau dans le cadre de la maladie de Huntington.

En thĂ©orie, le nouveau biomarqueur est une substance en pointillĂ©, collante qui s’attache Ă©troitement Ă  la protĂ©ine PDE10 mais pas Ă  d’autres protĂ©ines du corps. Plus important, cette substance possĂšde de tous petits fragments lumineux. Bien que tout petits, ces fragments lumineux ont un gros plus : ils permettent aux scientifiques de suivre, Ă  l’aide d’une camĂ©ra spĂ©ciale, la substance partout oĂč elle va. La substance elle-mĂȘme est sans danger ; ainsi les scientifiques peuvent l’administrer chez des personnes atteintes de la maladie de Huntington – et ensuite regarder oĂč elle voyage Ă  l’intĂ©rieur du corps humain.

La plupart des nouveaux biomarqueurs finissent par se fixer Ă  la protĂ©ine PDE10 dans les cellules du cerveau, ce qui signifie qu’ils s’accumulent exactement dans les rĂ©gions du cerveau que nous voulons observer dans le cadre de la maladie de Huntington. Dans ces rĂ©gions, les cellules saines (avec beaucoup de PDE10) sont plus lumineuses que les cellules malades (avec seulement un peu de PDE10) en danger de mort. Par consĂ©quent, en mesurant la brillance du biomarqueur avec une camĂ©ra spĂ©ciale, les scientifiques peuvent surveiller, au fil du temps, la santĂ© de ces neurones Ă  risque.

Mise Ă  l’Ă©preuve

Les scientifiques de la compagnie Pfizer ont soumis ce nouvel outil Ă  un test pratique dans le cadre d’une Ă©tude publiĂ©e dans la revue de l’American Medical Association.

Au cours de leur Ă©tude, les scientifiques ont pris des photographies des rĂ©gions cĂ©rĂ©brales vulnĂ©rables dans le cadre de la maladie de Huntington, Ă©clairĂ©es par leur nouveau biomarqueur lumineux, et ils ont ensuite examinĂ© minutieusement ces photographies afin de voir si ces rĂ©gions semblaient ĂȘtre diffĂ©rentes chez des individus avec et sans un dĂ©but de maladie de Huntington. Surtout, dans le cadre de cette Ă©tude, les personnes MH Ă©taient Ă  un stade trĂšs prĂ©coce de la maladie : ils avaient soit de lĂ©gers symptĂŽmes, soit aucun symptĂŽme.

Le nouveau biomarqueur PDE10 peut directement améliorer et accélérer la recherche de thérapies pour la maladie de Huntington.
Le nouveau biomarqueur PDE10 peut directement améliorer et accélérer la recherche de thérapies pour la maladie de Huntington.
Image credit: Freeimages

Lorsque les scientifiques ont analysĂ© les photographies, ils ont constatĂ© que les rĂ©gions du cerveau des diffĂ©rents groupes de sujets Ă©taient, en fait, trĂšs diffĂ©rentes – mĂȘme s’il n’y avait pas de diffĂ©rences Ă©videntes au niveau des symptĂŽmes apparents entre les sujets atteints de la MH et les sujets sains. Plus prĂ©cisĂ©ment, pour les rĂ©gions importantes du cerveau, le biomarqueur PDE10 Ă©tait plus lumineux chez des volontaires sains que chez des personnes atteintes de la maladie de Huntington. En outre, mĂȘme parmi les personnes atteintes de la MH, la luminositĂ© chez celles-ci, sans symptĂŽmes apparents, Ă©tait plus importante que chez celles prĂ©sentant des symptĂŽmes bĂ©nins.

Ainsi, il existe une forte relation entre la luminositĂ© du nouveau biomarqueur PDE10 et l’étendue de la maladie de Huntington. Cette relation est beaucoup plus forte que ce que les scientifiques pouvaient dĂ©couvrir Ă  l’aide d’outils existants.

En se basant sur ces résultats, les scientifiques pensent que, dans le cadre de la maladie de Huntington, leur nouveau biomarqueur est sensible aux premiers changements dans le cerveau.

Comment celui-ci peut-il nous aider ?

Le biomarquer PDE10 pourrait ĂȘtre un outil trĂšs puissant pour la communautĂ© Huntington car il offre un moyen facile et prĂ©cis pour le suivi des premiers changements dans le cerveau. Un meilleur suivi de la maladie rend l’évaluation de l’efficacitĂ© d’un traitement potentiel plus facile et plus prĂ©cise, ce qui accĂ©lĂšre les essais cliniques. Ainsi, mĂȘme si le biomarqueur n’est pas en soi un traitement, il peut directement amĂ©liorer et accĂ©lĂ©rer la recherche de nouvelles thĂ©rapies dans le cadre de la maladie de Huntington.

En outre, ce biomarqueur pourrait permettre aux mĂ©decins de prĂ©dire le moment oĂč une personne prĂ©-symptomatique va commencer Ă  ressentir la maladie symptomatique. Cette prĂ©diction serait prĂ©cieuse pour des Ă©tudes cliniques (oĂč il est important de tester des thĂ©rapies chez des patients dont le statut est connu) et pour des personnes vivant dans l’ombre de la menace de la maladie symptomatique.

La conclusion

Il est encourageant de voir une grande compagnie pharmaceutique, bien dotĂ©e en ressources, investie dans la gestion active d’essais cliniques efficaces pour la maladie de Huntington. Bien que les scientifiques de la compagnie Pfizer doivent travailler davantage pour vĂ©rifier la sensibilitĂ© de leur nouveau biomarqueur, les avantages potentiels de ce nouvel outil dans le cadre de la recherche de thĂ©rapies MH sont clairs. Dans l’ensemble, le dĂ©veloppement et la validation de bons biomarqueurs accĂ©lĂšreront la recherche d’un traitement efficace.

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