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Les cellules souches 'induites' font des avancées passionnantes

Cellules souches des patients MH : d'importants outils pour les chercheurs – et correction de la mutation MH en labo

Les cellules souches sont une source de grand enthousiasme pour les patients souffrant de maladies provoquées par la mort des cellules dans l’organisme – comme la maladie de Huntington. Mais, le diable se niche dans les détails et, en réalité, l’utilisation de ces puissantes cellules aux fins d’aider les patients MH est un problème complexe. Maintenant, deux nouvelles études ont avancé que les cellules souches pouvaient être des outils pour les chercheurs, et démontré qu’il est possible – dans des cellules cultivées dans une boîte de Pétri – de corriger la mutation, responsable de la MH.

Petit rappel sur les cellules souches

Tous les ĂŞtres humains ont commencĂ© Ă  partir d’un seul Ĺ“uf fĂ©condĂ© qui s’est divisĂ© Ă  plusieurs reprises pour former les quelques 50 trillions de cellules prĂ©sentes chez l’homme adulte. Chaque cellule possède ses propres propriĂ©tĂ©s – les cellules musculaires ne fonctionnent pas de la mĂŞme façon que les cellules de la peau, et ainsi de suite. Les propriĂ©tĂ©s particulières de chaque type de cellules dĂ©terminent les fonctions que la cellule peut effectuer.

'Cellules souches pluripotentes induites' en vert et rouge, se développant autour des cellules de la peau
‘Cellules souches pluripotentes induites’ en vert et rouge, se dĂ©veloppant autour des cellules de la peau
Image credit: PNAS

Depuis de nombreuses annĂ©es, les scientifiques croyaient que seul un type très particulier de cellule – appelĂ© une cellule souche – Ă©tait capable de se diviser et de donner naissance Ă  diffĂ©rents types de cellules dans nos corps. La source, la plus Ă©vidente, de ces cellules Ă©tait les embryons Ă  un stade prĂ©coce, lĂ  oĂą elles se trouvent normalement. Bien que ces ‘cellules souches embryonnaires’ soient extrĂŞmement puissantes – permettant aux scientifiques de produire en laboratoire de nouvelles cellules, comme les cellules du cerveau – leur utilisation Ă©tait Ă©thiquement et juridiquement difficile car elle nĂ©cessitait la destruction des embryons.

En 2006, tout ce que nous savions sur les cellules souches a Ă©tĂ© modifiĂ©, lorsque Shinya Yamanaka a dĂ©couvert la capacitĂ© de ‘reprogrammer’ n’importe quelle cellule adulte en cellule souche. Tout Ă  coup, il n’Ă©tait plus nĂ©cessaire de dĂ©truire les embryons pour crĂ©er des cellules souches – nous pouvions simplement prendre un simple Ă©chantillon de peau et reprogrammer les cellules prĂ©sentes dans la peau pour qu’elles deviennent des cellules souches. Les scientifiques sont devenus maĂ®tres dans la culture de neurones, de cellules musculaires et d’autres types cruciaux de cellules endommagĂ©es par diffĂ©rentes maladies, Ă  partir des cellules souches, une fois celles-ci obtenues.

Ces cellules reprogrammées sont appelées des cellules souches pluripotentes induites, ou cellules iPS.

Petite revue sur l’enthousiasme et les difficultĂ©s de la recherche sur les cellules souches pour la maladie de Huntington.

Cellules souches provenant de patients MH

Aux termes d’un article rĂ©cemment publiĂ© dans la revue ‘Cell Stem Cell’, un groupe collaboratif de scientifiques ont produit et Ă©tudiĂ© un ensemble de ces cellules souches pluripotentes induites provenant de patients MH. Les investigateurs Ă©taient curieux de savoir si les cellules souches provenant de patients MH se comporteraient diffĂ©remment de celles des personnes qui ne sont pas porteuses de la mutation.

Le groupe de scientifiques a observĂ© la façon dont se comportaient les cellules en laboratoire. Plusieurs dĂ©cennies de travaux ont suggĂ©rĂ© que les cellules provenant des patients MH Ă©taient anormales, mais personne n’a jamais Ă©tĂ© en mesure auparavant d’Ă©tudier les cellules souches Ă  ce niveau de dĂ©tail car elles Ă©taient si difficiles Ă  obtenir.

Il s’avère que les nouvelles lignĂ©es de cellules souches créées Ă  partir des patients MH agissent diffĂ©remment des cellules souches créées Ă  partir des personnes saines. Les principales diffĂ©rences sont la façon dont les cellules activent ou dĂ©sactivent les gènes et la façon dont elles produisent l’Ă©nergie.

Ces symptĂ´mes cellulaires correspondent, en grande partie, aux observations que les scientifiques ont faites dans d’autres types de cellules ayant la mutation MH, suggĂ©rant que ces nouvelles cellules souches seront un outil vraiment utile pour comprendre comment la mutation altère la fonction des cellules, les menant finalement Ă  leur mort prĂ©coce dans le cadre de la MH.

Quel est le but de ceci ? Que peuvent attendre les patients MH de ces nouvelles lignĂ©es de cellules ? La plus importante contribution des cellules souches des patients MH est l’apport d’un modèle pour les scientifiques Ă©tudiant la maladie.

Imaginez que vous ĂŞtes une compagnie pharmaceutique qui croit que son nouveau mĂ©dicament aidera les cellules Ă  faire face Ă  la mutation MH et Ă  rester plus longtemps en bonne santĂ©. A prĂ©sent, grâce Ă  ces nouvelles cellules souches, vous pouvez tester votre mĂ©dicament dans les cellules du cerveau produites Ă  partir de rĂ©els patients MH, plutĂ´t que dans les cellules provenant d’une souris ou d’un vers. Avec espoir, celles-ci fourniront beaucoup plus de rĂ©sultats prĂ©cis – et nous aideront Ă  tester chez les personnes, les mĂ©dicaments uniquement rĂ©ellement efficaces.

Remplacement cellulaire ?

Un rĂŞve pour de nombreux chercheurs, et pour les personnes vivant avec la maladie de Huntington – celui de remplacer les cellules perdues par des nouvelles – nous permettant de mettre un terme, ou peut-ĂŞtre mĂŞme d’inverser, les symptĂ´mes des maladies dĂ©gĂ©nĂ©ratives.

La culture de nouvelles cellules pour remplacer celles perdues dans une maladie est connue sous le nom de thĂ©rapie de remplacement cellulaire, et c’est une des raisons de tout cet enthousiasme autour des cellules souches. Certains chercheurs croient que la greffe de cellules souches dans les zones endommagĂ©es du cerveau des patients MH pourrait remplacer ces cellules qui meurent au cours de la maladie.

De grands dĂ©fis scientifiques devront ĂŞtre vaincus avant que la thĂ©rapie de remplacement cellulaire puisse fonctionner. Tout d’abord, quelles cellules pourrions-nous mettre dans les cerveaux des personnes ? Evidemment, nous souhaiterions remplacer les cellules du cerveau mourantes avec plus de cellules du cerveau, pas avec des cellules de la peau ou des cellules musculaires. Donc, oĂą obtenir plus de cellules du cerveau, et comment s’assurer qu’elles sont leur double gĂ©nĂ©tique pour le patient ?

C’est lĂ  que les nouvelles cellules souches ‘induites’ interviennent ; pour la première fois, nous pourrions, thĂ©oriquement, prendre un Ă©chantillon de peau Ă  partir d’un patient MH, reprogrammer les cellules pour qu’elles deviennent des cellules souches ou des neurones, et injecter ces cellules souches dans le propre cerveau du patient. Si cela fonctionnait, ce pourrait ĂŞtre une fantastique option car ces cellules reprĂ©senteraient alors le double gĂ©nĂ©tique exact des cellules du patient.

Vue d'ensemble du processus de fabrication des cellules IPSC à partir des cellules de peau. 1) Les cellules de peau sont cultivées dans une boîte de Pétri et traitées (2) avec des gènes nécessaires pour les transformer en cellules souches. (3) Un sous-ensemble de cellules traitées recevront le message pour devenir des cellules souches pluripotentes induites.
Vue d’ensemble du processus de fabrication des cellules IPSC Ă  partir des cellules de peau. 1) Les cellules de peau sont cultivĂ©es dans une boĂ®te de PĂ©tri et traitĂ©es (2) avec des gènes nĂ©cessaires pour les transformer en cellules souches. (3) Un sous-ensemble de cellules traitĂ©es recevront le message pour devenir des cellules souches pluripotentes induites.

De rĂ©centes expĂ©riences, utilisant un rat, suggèrent que les cellules souches injectĂ©es de cette manière peuvent former de nouvelles cellules du cerveau qui semblent s’intĂ©grer dans le cerveau et aider les rats Ă  se remettre de lĂ©sions cĂ©rĂ©brales.

Correction de la mutation MH

Les lecteurs attentifs ont peut-ĂŞtre remarquĂ©, ici, un problème – la mutation, responsable de la MH, est prĂ©sente dans chaque cellule de notre corps, y compris dans nos cellules de la peau et dans les cellules souches que nous produisons Ă  partir de celles-ci. Ainsi, mĂŞme si nous rĂ©ussissons Ă  relever les dĂ©fis techniques concernant l’administration des cellules souches dans le cerveau, nous sommes coincĂ©s avec les nouveaux neurones qui ont la mĂŞme mutation, responsable en premier lieu de la MH !

La solution idĂ©ale pour rĂ©soudre ce problème serait de pouvoir ‘rĂ©parer’ les cellules souches provenant des patients MH en supprimant la mutation, responsable de la MH, alors qu’elles sont encore en culture dans les boĂ®tes de PĂ©tri. Il existe quelques techniques, très nouvelles, pour faire exactement cela – nous avons dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© une technologie, appelĂ©e les nuclĂ©ases Ă  doigt de zinc. Mais ces technologies sont nouvelles, et il faudra probablement de nombreuses annĂ©es pour une application chez les patients MH.

Un groupe de scientifiques, dirigĂ© par Lisa Ellerby de l’Institut Buck pour la recherche sur le vieillissement, a examinĂ© une autre approche pour ce problème. Apporter des modifications prĂ©cises aux gènes des cellules souches cultivĂ©es dans une boĂ®te Ă  PĂ©tri est beaucoup plus facile que de modifier l’ADN des personnes vivantes. En effet, le processus est couramment utilisĂ© pour produire des souris gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es, utilisĂ©es pour Ă©tudier la biologie et la mĂ©decine dans les laboratoires du monde entier.

L’Ă©quipe d’Ellerby a fait une expĂ©rience très simple – ils ont donnĂ© aux cellules souches provenant d’un patient MH un peu d’ADN supplĂ©mentaire, lequel leur a intimĂ© l’ordre de produire un gène MH normal, plutĂ´t qu’un gène mutĂ©.

L’efficacitĂ© de cette procĂ©dure est extrĂŞmement faible : sur 5 millions de cellules traitĂ©es, seules deux cellules ont utilisĂ© l’ADN supplĂ©mentaire pour effectuer une correction appropriĂ©e. Mais, en utilisant un marqueur lumineux pour Ă©tiqueter ces cellules qui ont rĂ©ellement effectuĂ© la correction, celles-ci ont pu ĂŞtre isolĂ©es et cultivĂ©es.

Cette simple astuce gĂ©nĂ©tique a permis Ă  Ellerby et son groupe de faire un Ă©tonnant jeu de comparaisons. Ils pouvaient se poser des questions comme : quelle est la diffĂ©rence entre une cellule ayant la mutation MH, et la mĂŞme cellule avec la mutation corrigĂ©e ? Son Ă©quipe, ainsi que le consortium sur les cellules souches, ont Ă©tudiĂ© les dĂ©cennies de travaux sur les cellules et ont cherchĂ© Ă  savoir ce qui est arrivĂ© aux cellules MH qui ont Ă©tĂ© ‘rĂ©parĂ©es’. Cette analyse a rĂ©vĂ©lĂ© que certaines anomalies dans les cellules MH peuvent ĂŞtre corrigĂ©es par la rĂ©paration de la mutation MH.

Problème résolu ?

Ceci fournit des informations importantes aux scientifiques étudiant la maladie de Huntington. Mais, il pourrait être tout aussi important pour résoudre le problème du traitement : comment pouvons-nous obtenir de nouvelles cellules aptes à remplacer les cellules perdues dans le cadre de la MH ?

Pour en revenir Ă  ce problème, nous pouvons voir qu’il est maintenant possible, en thĂ©orie, de reprogrammer des cellules de peau provenant de patients MH en cellules souches. Ces cellules souches pourraient ensuite ĂŞtre gĂ©nĂ©tiquement  » corrigĂ©es  » en supprimant la mutation, responsable de la MH, Ă  partir de leur gĂ©nome. L’implantation de ces cellules gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es pourrait, en thĂ©orie, permettre Ă  de nouveaux neurones de se dĂ©velopper, sans la mutation MH, dans les cerveaux des patients.

Ici, Ă  HDBuzz, nous sommes contents de la vitesse de ces avancĂ©es sur les cellules souches, et des possibilitĂ©s pour des traitements MH. Mais, nous considĂ©rons Ă©galement que le dĂ©veloppement de ces remarquables bonds dans les traitements pour la MH sera toujours un processus très long et difficile – en effet, beaucoup plus difficile que de dĂ©velopper un mĂ©dicament traditionnel.

L’administration de cellules gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es dans les cerveaux des patients vivants est très risquĂ©e, et elle devra ĂŞtre abordĂ©e avec beaucoup de prudence. De nombreuses annĂ©es d’essais devront, probablement, ĂŞtre menĂ©es en laboratoires, de plus en plus sophistiquĂ©s, avant que cette mĂ©thode de traitement ne soit utilisĂ©e Ă  plus grande Ă©chelle chez les personnes.

Cependant, sur un laps de temps plus court, ces importantes avancĂ©es sur les cellules iPS seront, probablement, des outils très utiles pour la comprĂ©hension de la maladie de Huntington et la rationalisation du processus de dĂ©veloppement de mĂ©dicaments. En attendant, les cellules souches, en tant que traitement, progressent lentement dans le pipeline des thĂ©rapies en dĂ©veloppement pour la MH. Alors que d’autres traitements subissent des essais avec des dĂ©lais plus courts, il est essentiel de commencer le dĂ©veloppement sur ces technologies Ă  plus long terme, mais extrĂŞmement prometteuses.

Pour en savoir plus

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