Huntington’s disease research news.

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Le lithium refait surface et s'offre une seconde chance dans le cadre de la M.H.

Le lithium s’offre une seconde chance dans la MH, avec une nouvelle méthode d’administration testée chez les souris M

Le traitement au lithium de la maladie de Huntington s’offre une seconde chance d’entrer dans le pipeline de dĂ©veloppement de mĂ©dicaments grâce Ă  de meilleures mĂ©thodes de dosages. Un traitement Ă  long terme avec une thĂ©rapeutique ancienne serait-il en mesure d’empĂŞcher ou de ralentir la neuro-dĂ©gĂ©nĂ©rescence chez les patients MH ?

Un bref historique sur le lithium

Le lithium est un mĂ©tal mou, de couleur blanc argentĂ©. En tant qu’Ă©lĂ©ment naturel terrestre, il appartient Ă  un groupe de blocs de construction chimiques qui composent ce qui nous entoure.

Le lithium est un élément clé des piles rechargeables. Mais pourrait-il empêcher les cellules de devenir 'surchargées'  dans le cadre de la MH ?
Le lithium est un Ă©lĂ©ment clĂ© des piles rechargeables. Mais pourrait-il empĂŞcher les cellules de devenir ‘surchargĂ©es’ dans le cadre de la MH ?

La première utilisation mĂ©dicale documentĂ©e du lithium remonte Ă  la fin des annĂ©es 1800 ; toutefois, son application thĂ©rapeutique plus commune a Ă©tĂ© dĂ©couverte il y a plus de 50 ans. L’administration de petites doses du mĂ©tal a fait ses preuves pour soulager les Ă©tats Ă©motionnels (manie, dĂ©pression) dont souffrent les personnes atteintes de troubles bipolaires – rappelant l’antique tradition grecque de se plonger dans des bains minĂ©raux riches en lithium afin de soulager les dĂ©sordres psychiatriques. A ce jour, le lithium demeure l’un des traitements, disponible, les plus efficaces pour les troubles graves de l’humeur.

Bien que le lithium ait Ă©tĂ© approuvĂ© pour l’utilisation clinique dans la plupart des pays depuis le dĂ©but des annĂ©es 1960, la façon dont il fonctionne est demeurĂ©e un mystère. C’est seulement maintenant que les scientifiques commencent Ă  comprendre comment le lithium agit sur le cerveau au niveau molĂ©culaire. Il s’avère que certains des processus chimiques et biologiques, connus pour ĂŞtre nuisibles dans les maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives comme la maladie de Huntington, peuvent ĂŞtre Ă©galement modifiĂ©s par le lithium.

Comment le lithium pourrait-il ĂŞtre utile ?

Tandis que la MH progresse, la dĂ©gĂ©nĂ©rescence survient principalement dans deux parties du cerveau, appelĂ©es le striatum et le cortex. Le striatum est situĂ© profondĂ©ment dans le cerveau alors que le cortex est la surface ridĂ©e. Par ailleurs, le striatum et le cortex travaillent Ă©troitement ensemble pour contrĂ´ler l’humeur et le mouvement.

A l’intĂ©rieur du striatum, un type très spĂ©cifique de cellules, appelĂ©es les neurones Ă©pineux moyens, est particulièrement sensible Ă  la maladie. Ces cellules sont activĂ©es lorsqu’un transmetteur chimique, appelĂ© glutamate, se pose sur les molĂ©cules rĂ©ceptrices Ă  la surface de la cellule. Dans la MH, ces rĂ©cepteurs dĂ©veloppent une sensibilitĂ© accrue au glutamate, mettant les neurones Ă©pineux moyens dans un Ă©tat de stimulation excessive.

Cette stimulation excessive peut dĂ©clencher un processus, appelĂ© excitotoxicitĂ©, au cours duquel des produits chimiques situĂ©s Ă  l’intĂ©rieur des neurones sont mal libĂ©rĂ©s, provoquant une avalanche d’effets nĂ©fastes. Si les lĂ©sions accumulĂ©es sont trop sĂ©vères, le neurone mourra. L’excitotoxicitĂ© est l’une des meilleures pistes de travail pouvant expliquer la neurodĂ©gĂ©nĂ©rescence dans la MH.

Que vient faire le lithium dans tout ceci ? Eh bien, il a Ă©tĂ© constatĂ© que le traitement au lithium bloque l’excitotoxicitĂ© chez des modèles animaux. Mieux encore, plusieurs Ă©tudes ont effectivement montrĂ© que le lithium est en fait capable de protĂ©ger les neurones de la mort cellulaire, et peut-ĂŞtre mĂŞme encourager leur rĂ©gĂ©nĂ©ration.

Ce n’est pas la première fois que les chercheurs ont envisagĂ© de traiter la maladie de Huntington avec du lithium. Des Ă©tudes cliniques ont Ă©tĂ© menĂ©es au cours des annĂ©es 1970, avec des rĂ©sultats nĂ©gatifs – le lithium n’a pas aidĂ©. Toutefois, avec recul, les essais prĂ©sentaient un Ă©cueil important : tous les patients Ă©taient dĂ©jĂ  Ă  des stades très avancĂ©s dans la maladie avant de recevoir leur premier traitement.

La prévention est-elle meilleure ?

Aujourd’hui, notre comprĂ©hension sur les effets biologiques du lithium a Ă©voluĂ©. Nous nous sommes plus intĂ©ressĂ©s Ă  sa valeur potentielle en tant que mĂ©dicament prĂ©ventif, plutĂ´t qu’en tant que traitement des symptĂ´mes existants.

Au cours des dernières annĂ©es, plusieurs Ă©tudes sur des modèles murins de la MH ont examinĂ© les avantages Ă  long terme du traitement au lithium. Au lieu d’attendre que les souris soient dĂ©jĂ  malades, le mĂ©dicament leur a Ă©tĂ© donnĂ© dès leur jeune âge. Les rĂ©sultats Ă©taient encourageants. Ces Ă©tudes suggèrent que le lithium a la capacitĂ© de ralentir la neurodĂ©gĂ©nĂ©rescence et ses symptĂ´mes associĂ©s, dans des modèles animaux.

L’inconvĂ©nient du lithium

Cependant, un obstacle de taille se prĂ©sentait sur la façon de tester Ă  long terme un traitement au lithium chez les individus – Ă  savoir l’Ă©ventualitĂ© de graves effets secondaires.

Les spĂ©cialistes en mĂ©dicaments disent que le lithium a une ‘fenĂŞtre thĂ©rapeutique’ très restreinte. Cela signifie que les patients nĂ©cessitent un contrĂ´le et des tests sanguins constants afin de s’assurer qu’ils reçoivent le dosage appropriĂ©. Il est difficile de maintenir le bon niveau de lithium dans le sang, et beaucoup trop de lithium peut provoquer de graves complications. Les effets secondaires varient entre de lĂ©gers effets (tremblements, confusion, nausĂ©es) Ă  de graves dĂ©ficits neurologiques.

Un autre inconvĂ©nient, potentiellement plus grand, est que le traitement Ă  long terme avec le lithium, mĂŞme Ă  un taux thĂ©rapeutique, peut entraĂ®ner des problèmes de santĂ© importants, tels qu’une rĂ©duction de la fonction rĂ©nale, obligeant l’arrĂŞt du traitement. Ceci pourrait ĂŞtre un Ă©norme problème pour les patients qui pourraient avoir besoin de prendre du lithium pendant des dĂ©cennies.

NP03 est une forme chimiquement reconditionnée du lithium, meilleure pour traverser les 'murs' protègeant nos cellules.
NP03 est une forme chimiquement reconditionnĂ©e du lithium, meilleure pour traverser les ‘murs’ protègeant nos cellules.

Un nouveau tournant pour un vieux médicament

Pour surmonter les obstacles actuels, un nouveau mĂ©dicament au lithium (NP03) et un système d’administration ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s par la sociĂ©tĂ© Medisis Pharma. NP03 est une combinaison de citrate de lithium (un composĂ© de lithium traditionnel) et d’une nouvelle technique d’administration appelĂ©e Aonys®.

De quelle façon le NP03 est-il diffĂ©rent du lithium ‘normal’ ? Eh bien, dans le corps humain, toutes les cellules sont maintenues ensemble par des molĂ©cules graisseuses, appelĂ©es lipides. Si les cellules Ă©taient des maisons, les lipides pourraient ĂŞtre les briques des murs. En chimie, certaines molĂ©cules sont nommĂ©es ‘hydrophile’ (qui aiment l’eau) ou ‘hydrophobe’ (qui dĂ©testent l’eau). Les lipides sont de longues molĂ©cules qui ‘aiment l’eau’ Ă  une extrĂ©mitĂ© et ‘craignent l’eau’ Ă  l’autre extrĂ©mitĂ©. Par consĂ©quent, un mĂ©dicament qui veut entrer dans une cellule doit traverser tant la barrière hydrophobe qu’hydrophile.

NP03 facilite la transition du lithium car celui-ci est attachĂ© aux lipides qui peuvent se mĂ©langer avec le ‘mur’ lipidique des cellules. Cela signifie que plus le lithium est absorbĂ© par les cellules, et moins de mĂ©dicament est nĂ©cessaire pour obtenir le mĂŞme effet. NP03 pourrait offrir un meilleur contrĂ´le dans un traitement Ă  long terme avec une faible dose de lithium, rĂ©duisant son potentiel d’effets secondaires.

NP03 testé chez les souris

Dans une publication rĂ©cente du laboratoire du Dr Michael Hayden (Centre de MĂ©decine MolĂ©culaire et ThĂ©rapie – British Columbia – Canada), une preuve a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e pour une application Ă  long terme du traitement NP03 dans un modèle murin de la maladie de Huntington.

Les souris utilisĂ©es dans l’Ă©tude, appelĂ©es YAC128, prĂ©sentent la version humaine du gène mutĂ© MH, accompagnĂ© des deux copies normales de la souris. A l’âge d’environ trois mois, les souris dĂ©veloppent des symptĂ´mes moteurs similaires Ă  ceux observĂ©s chez les patients MH, et la neurodĂ©gĂ©nĂ©rescence visible survient Ă  l’âge de neuf mois.

Pour tester si le NP03 avait les mĂŞmes propriĂ©tĂ©s neuroprotectrices que le lithium traditionnel, les souris ont Ă©tĂ© traitĂ©es avec le mĂ©dicament Ă  l’âge deux mois – avant que les premiers symptĂ´mes n’apparaissent.

Les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© très encourageants. Les souris traitĂ©es avec le NP03 ont eu un contrĂ´le moteur considĂ©rablement amĂ©liorĂ© par rapport aux souris MH non traitĂ©es. Le striatum et ses neurones Ă©pineux moyens ont Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©s par la neurodĂ©gĂ©nĂ©rescence. Encore plus intĂ©ressant, malgrĂ© une longue pĂ©riode de traitement, les chercheurs n’ont pas observĂ© d’effets secondaires indĂ©sirables du NP03.

Un des aspects les plus dĂ©vastateurs de la MH est que c’est une maladie gĂ©nĂ©tique, qui affecte de gĂ©nĂ©rations en gĂ©nĂ©rations les membres au sein de la famille. Mais lorsqu’il s’agit de mĂ©dicaments prĂ©ventifs, cela pourrait effectivement devenir un atout important. Une opportunitĂ© unique existe pour identifier les individus qui pourraient dĂ©velopper la MH des annĂ©es en avance, et pour stopper la maladie avant l’apparition des symptĂ´mes.

Un nouveau départ pour le lithium ?

Finalement, nous devons ĂŞtre prudents sur la façon dont les Ă©tudes rĂ©alisĂ©es chez les modèles murins sont interprĂ©tĂ©es. Il n’y a aucune garantie que le bĂ©nĂ©fice thĂ©rapeutique du NP03 sera reportĂ© sur les patients MH, ou qu’il n’y aura pas d’effets secondaires inattendus.

Le but pour tout traitement est que les avantages l’emportent sur les risques. Pour tenter de faire pencher la balance, NP03 prend un vieux mĂ©dicament, dĂ©jĂ  approuvĂ© pour un usage humain, et vise simplement Ă  le rendre plus sĂ»r. Si tout va bien, il ne faudra pas longtemps avant que le traitement prolongĂ© Ă  faible dose de lithium ne soit prĂŞt, afin d’ĂŞtre testĂ© chez les personnes atteintes de la MH.

Pour en savoir plus

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