Huntington’s disease research news.
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Exploiter la puissance des virus pour traiter la maladie de Huntington

Chercheurs conçoivent un virus pour délivrer plus efficacement des médicaments de silençage génique dans le cerveau

De nouvelles thĂ©rapies pour des troubles, tels que la maladie de Huntington, sont en voie de dĂ©veloppement mais pouvoir administrer des mĂ©dicaments dans les cellules du cerveau peut ĂȘtre un dĂ©fi important. Un groupe de scientifiques a mis au point et testĂ© un virus inoffensif pouvant dĂ©livrer efficacement un message de ‘silençage gĂ©nique’ dans le cerveau des souris, beaucoup plus loin que les virus actuels ne peuvent le faire. Qui plus est, le mĂ©dicament peut ĂȘtre administrĂ© par une simple injection dans le sang, offrant un Ă©norme potentiel pour la recherche en silençage gĂ©nique, et au-delĂ .

Mettre au point des thérapies de pointe pour les cellules du cerveau

La maladie de Huntington est causĂ©e par une erreur dans le code gĂ©nĂ©tique – une faute d’impression d’un ADN qui conduit Ă  la production d’une protĂ©ine toxique, la huntingtine mutante. Au fil du temps, ce mauvais bloc de construction est destructeur pour les cellules du cerveau.

La surface d’un virus est revĂȘtue de molĂ©cules qui agissent comme des clĂ©s aux fins de piĂ©ger une cellule dans le dĂ©verrouillage de ses portes et laisser entrer le virus.
La surface d’un virus est revĂȘtue de molĂ©cules qui agissent comme des clĂ©s aux fins de piĂ©ger une cellule dans le dĂ©verrouillage de ses portes et laisser entrer le virus.

Une stratĂ©gie de base dans la recherche de mĂ©dicaments pour la maladie de Huntington est d’envoyer un message aux cellules du cerveau les intimant de cesser la production de la protĂ©ine huntingtine nĂ©faste. C’est le principe de base du silençage gĂ©nique pour la maladie de Huntington. Il existe plusieurs approches diffĂ©rentes pour ce type de thĂ©rapie, incluant un essai clinique actuellement en cours ayant fait l’objet d’un rĂ©cent article sur HDBuzz.

Dans la mesure oĂč chaque cellule contient une erreur MH dans son code gĂ©nĂ©tique, le principal dĂ©fi dans la recherche en silençage gĂ©nique est la façon d’administrer des mĂ©dicaments de maniĂšre Ă  atteindre un maximum de rĂ©gions du cerveau, idĂ©alement sans avoir besoin de traitements invasifs, tels que la chirurgie du cerveau. Dans la mesure oĂč la MH est de plus en plus considĂ©rĂ©e comme une maladie touchant l’ensemble du cerveau, la thĂ©rapie la plus efficace devrait avoir une portĂ©e gĂ©nĂ©ralisĂ©e, en Ă©liminant la huntingtine mutante au sein d’un grand pourcentage de cellules nerveuses.

Nous sont enthousiasmĂ©s par une avancĂ©e technologique rĂ©cente dans ce domaine, un virus modifiĂ© ayant le potentiel de fournir, plus efficacement qu’auparavant, une thĂ©rapie de combat. Celle-ci est Ă  un stade prĂ©coce de la recherche et n’est pas prĂȘte pour ĂȘtre testĂ©e chez les humains mais en fin de compte, elle pourrait permettre d’administrer des mĂ©dicaments de silençage gĂ©nique, de maniĂšre non-chirurgicale, pouvant se dĂ©placer plus loin et plus efficacement dans le cerveau.

Exploiter la puissance des virus

Les chercheurs ont longtemps utilisĂ© des virus pour Ă©tudier la dĂ©livrance de matĂ©riel gĂ©nĂ©tique dans le cerveau. Nous ne parlons pas d’agents causant la maladie, tels que la grippe, ceux-ci sont d’origine naturelle, mais de virus inoffensifs que des scientifiques ont modifiĂ©s Ă  des fins de recherche. Dans le cadre du combat contre la maladie de Huntington, le but est d’exploiter la capacitĂ© naturelle des virus Ă  pĂ©nĂ©trer dans les cellules puis Ă  les remplir avec des messages gĂ©nĂ©tiques qui stopperont la production de la protĂ©ine huntingtine mutante.

Principalement, une particularitĂ© des mĂ©dicaments de ‘silençage gĂ©nique’ est qu’ils sont produits Ă  partir de substances chimiques semblables Ă  l’ADN. C’est ainsi qu’ils peuvent interagir avec la machinerie des cellules qui transforme une recette gĂ©nĂ©tique en protĂ©ine.

Les virus sont essentiellement des petits paquets de matĂ©riel gĂ©nĂ©tique, ADN ou une substance similaire appelĂ©e ARN, entourĂ©s par une enveloppe extĂ©rieure. La surface d’un virus est revĂȘtue de molĂ©cules qui agissent comme des clĂ©s aux fins de piĂ©ger une cellule dans le dĂ©verrouillage de ses portes et laisser entrer le virus. Une fois Ă  l’intĂ©rieur, le virus s’ouvre et libĂšre son matĂ©riel gĂ©nĂ©tique. Ceci est sournois car la cellule gĂšre la nouvelle empreinte gĂ©nĂ©tique comme si celle-ci Ă©tait censĂ©e ĂȘtre lĂ  depuis toujours, produisant des piĂšces du virus au sein de sa propre activitĂ©.

Dans le cas de la plupart des virus, comme le rhume, cette nouvelle information gĂ©nĂ©tique dĂ©tourne la machinerie de la cellule, l’amenant Ă  gĂ©nĂ©rer des millions de nouveaux virus jusqu’à ce que le systĂšme immunitaire remarque l’envahisseur et le mette dehors. Mais Ă  des fins de recherche sur le cerveau, les scientifiques peuvent modifier Ă  la fois l’emballage du virus et son contenu. Ils peuvent Ă©quiper la capside d’un nouveau jeu de clĂ©s molĂ©culaires, puis la remplir avec un matĂ©riel gĂ©nĂ©tique pour exercer une fonction thĂ©rapeutique, telle que le blocage du gĂšne MH.

«Un virus, appelĂ© AAV-AS, s’est rĂ©vĂ©lĂ© ĂȘtre satisfaisant pour pĂ©nĂ©trer les neurones. Les clĂ©s de protĂ©ines, qui y Ă©taient fixĂ©es, ont Ă©tĂ© trĂšs efficaces pour ouvrir des portes molĂ©culaires situĂ©es Ă  la surface des neurones»

Afin de rĂ©aliser des expĂ©riences en laboratoire portant sur l’administration de mĂ©dicaments de silençage gĂ©nique, les chercheurs ont, dans le passĂ©, utilisĂ© un type de virus inoffensif appelĂ© virus adĂ©no-associĂ© ou AAV. Bien que de nombreux AAVs puissent se dĂ©placer dans le systĂšme sanguin du cerveau, ils n’excellent gĂ©nĂ©ralement pas Ă  pĂ©nĂ©trer les neurones (cellules essentielles au fonctionnement du cerveau). Ils sont plutĂŽt susceptibles d’apporter un ‘soutien’ aux cellules du cerveau. Pour traiter des troubles neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives, comme la maladie de Huntington, il est important de livrer la marchandise directement aux neurones, et autant que possible.

Mise au point d’un virus pour pĂ©nĂ©trer les neurones

RĂ©cemment, une Ă©quipe de collaborateurs du Massachusetts et d’Alabama ont modifiĂ© des virus adĂ©no-associĂ©s et les ont testĂ©s afin de voir s’ils pouvaient pĂ©nĂ©trer les neurones plus facilement et se dĂ©placer dans tout le cerveau. Miguel Sena-Esteves, un scientifique travaillant au Centre de ThĂ©rapie GĂ©nique Ă  Umass Medical School, a dirigĂ© l’étude. Les scientifiques ont modifiĂ© gĂ©nĂ©tiquement la surface extĂ©rieure du virus adĂ©no-associĂ©, ajoutant des chaĂźnes supplĂ©mentaires de protĂ©ines et testĂ© si ces nouvelles ‘clĂ©s’ permettraient au virus de mieux pĂ©nĂ©trer les diffĂ©rentes types de cellules dans le cerveau.

Ils ont testĂ© leurs clĂ©s molĂ©culaires nouvellement créées chez des souris en injectant les virus dans une veine. Il s’agit d’un point important : le virus adĂ©no-associĂ© peut se dĂ©placer dans le systĂšme sanguin et pĂ©nĂ©trer dans le cerveau sans nĂ©cessiter de chirurgie invasive.

Introduction par effraction – et blocage du gĂšne huntingtin

Un virus, appelĂ© AAV-AS, s’est rĂ©vĂ©lĂ© ĂȘtre satisfaisant pour pĂ©nĂ©trer les neurones, bien plus que certains autres. Les clĂ©s de protĂ©ines, qui y Ă©taient fixĂ©es, ont Ă©tĂ© trĂšs efficaces pour ouvrir des portes molĂ©culaires situĂ©es Ă  la surface des neurones. En remplissant les capsides avec un code gĂ©nĂ©tique destinĂ© Ă  produire des protĂ©ines fluorescentes vertes, les scientifiques ont pu facilement montrer que le virus avait atteint de nombreuses rĂ©gions du cerveau et la moelle Ă©piniĂšre de la souris.

Un systĂšme d’administration plus efficace et de grande envergure comme celui-ci a un Ă©norme potentiel, non seulement pour le dĂ©veloppement de nouveaux mĂ©dicaments mais Ă©galement pour la recherche fondamentale portant sur le fonctionnement du cerveau.

L’étape suivante consistait Ă  remplir la capside du ‘virus ami’ avec un matĂ©riel de silençage gĂ©nique et voir s’il Ă©tait efficace chez des souris. En l’espĂšce, ils ont utilisĂ© une molĂ©cule de silençage gĂ©nique appelĂ©e microARN. Ils ont choisi un microARN qui bloquerait la production de la huntingtine chez la souris, l’ont emballĂ© dans le virus AAV-AS et l’ont testĂ© chez une souris normale.

Le nouveau virus est trÚs efficace pour pénétrer les neurones aux fins de délivrer le matériel de silençage génique.
Le nouveau virus est trÚs efficace pour pénétrer les neurones aux fins de délivrer le matériel de silençage génique.

Un seul traitement avec injection du virus dans la veine de la queue de la souris a rĂ©duit le taux de huntingtine dans de nombreuses rĂ©gions du cerveau, y compris jusqu’à une diminution de 40-50% dans le striatum (une rĂ©gion trĂšs profonde dans le cerveau affectĂ©e au dĂ©but de la MH). Ceci est impressionnant, mĂȘme comparĂ©e avec des Ă©tudes au cours desquelles la chirurgie a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour administrer des traitements de silençage gĂ©nique dans le cerveau.

Les prochaines étapes pour la technologie AAV

Il s’agit d’une technologie sans nul doute passionnante, et dans l’avenir, elle pourrait ĂȘtre vraiment importante pour de futurs mĂ©dicaments de silençage gĂ©nique aux fins de traiter la maladie de Huntington. Comme toujours, il existe quelques points importants Ă  noter.

Il convient surtout de prĂ©ciser que les chercheurs n’ont pas utilisĂ© de modĂšle murin MH pour tester leur virus ; ils ont rĂ©duit au silence la huntingtine normale chez des souris en bonne santĂ©, afin d’apporter la preuve que leur virus pouvait pĂ©nĂ©trer les neurones et accomplir un travail de silençage gĂ©nique. Ceci n’est pas, bien entendu, le but ultime ; les traitements de silençage du gĂšne MH visent Ă  rĂ©duire au silence la huntingtine mutante (la vraie coupable). Mais maintenant que cette technologie existe, ces scientifiques ont la possibilitĂ© de remplir la nouvelle capside AAV-AS avec un mĂ©dicament de silençage du gĂšne MH contre la protĂ©ine mutante et voir si celui-ci pourrait avoir un effet bĂ©nĂ©fique sur les symptĂŽmes des souris. VoilĂ  la prochaine Ă©tape probable.

Le virus se dĂ©place assez bien dans le cerveau mais il n’est pas parfait, et d’autres Ă©tudes continueront Ă  relever le dĂ©fi de l’administration de mĂ©dicaments aux neurones. Comme de nombreuses percĂ©es scientifiques, une partie de cette dĂ©couverte a Ă©tĂ© accidentelle, nul ne sait pourquoi cette clĂ© molĂ©culaire situĂ©e sur la surface du virus adĂ©no-associĂ© AS a Ă©tĂ© si efficace pour permettre au virus de pĂ©nĂ©trer les neurones. Il s’agira d’un autre sujet pour une recherche future.

En attendant, voici les principaux avantages du virus nouvellement développé :

  1. il peut ĂȘtre injectĂ© dans le systĂšme sanguin et atteindre le cerveau,
  2. il peut pénétrer les neurones plus efficacement que les virus précédemment testés,
  3. il peut se propager dans tout le cerveau,
  4. il peut transporter du matériel de silençage génique efficace.

Cette technologie est loin d’ĂȘtre prĂȘte pour ĂȘtre testĂ©e chez les personnes ; elle nĂ©cessitera tout d’abord un examen approfondi chez plusieurs espĂšces afin de vĂ©rifier qu’elle est sans danger et efficace. Toutefois, ce travail sera important pour le dĂ©veloppement de thĂ©rapies de silençage gĂ©nique dans le cadre de la maladie de Huntington et d’autres troubles. Des systĂšmes d’administration virale plus efficaces ouvrent Ă©galement de nombreuses perspectives de recherche relatives au fonctionnement du cerveau.

Pour en savoir plus

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