
Combien câest trop ? Explorer le seuil toxique des triplets CAG dans le cerveau dans le cadre de la maladie de Huntington
De nouveaux travaux menés par des chercheurs de Londres utilisent des souris pour déterminer le nombre de répétitions CAG nécessaire pour provoquer les symptÎmes de la maladie de Huntington. Leurs travaux indiquent un seuil inférieur à 185.
Les chasseurs de mĂ©dicaments ont Ă©tĂ© particuliĂšrement intĂ©ressĂ©s par les lettres rĂ©pĂ©titives C-A-G du code gĂ©nĂ©tique conduisant Ă la maladie de Huntington. Le nombre de rĂ©pĂ©titions du triplet CAG augmente au fil du temps dans les cellules vulnĂ©rables et pourrait dĂ©tenir la clĂ© pour ralentir ou stopper la MH. De nombreux scientifiques se demandent ce quâil adviendrait des symptĂŽmes si nous stoppions cette expansion. Des travaux rĂ©cents dâun groupe menĂ© par le Dr. Gill Bates Ă Londres ont examinĂ© exactement cela, cherchant Ă dĂ©finir le seuil de rĂ©pĂ©titions du triplet CAG nĂ©cessaire pour provoquer la maladie. Discutons de ce que son Ă©quipe a trouvĂ© !
Nous ne sommes quâune soupe alphabĂ©tique
Le code gĂ©nĂ©tique de chaque organisme vivant est composĂ© de seulement quatre lettres â C, A, G et T. Celles-ci sont combinĂ©es de diffĂ©rentes maniĂšres pour former chaque gĂšne de notre corps. Cela fait beaucoup de diversitĂ© pour seulement quatre lettres !

Dans le gĂšne qui conduit Ă la maladie de Huntington se trouve une sĂ©quence de lettres C-A-G. Les personnes atteintes de la MH sont nĂ©es avec 36 ou davantage de rĂ©pĂ©titions du triplet CAG dans le gĂšne huntingtin. Nous savons que, Ă mesure quâune personne vieillit, le nombre de rĂ©pĂ©titions du triplet CAG peut changer et vaciller dans certaines cellules, grossissant au fil du temps.
Cette expansion continue du triplet CAG est appelĂ©e « instabilitĂ© somatique ». Cela se produit spĂ©cifiquement dans les cellules cĂ©rĂ©brales endommagĂ©es par la MH. Il est important de souligner que la taille de la rĂ©pĂ©tition du triplet CAG est relativement stable dans le sang. Ainsi, un test sanguin montrant 42 rĂ©pĂ©titions CAGs Ă lâĂąge de 18 ans montrera trĂšs probablement encore 42 rĂ©pĂ©titions Ă lâĂąge de 50 ans. Mais les cellules cĂ©rĂ©brales de cette personne pourraient avoir plus de 100 rĂ©pĂ©titions CAG et certaines dâentre elles pourraient mĂȘme avoir 200 rĂ©pĂ©titions, voire davantage.
Les expansions pourraient ĂȘtre la clĂ©
Certains scientifiques pensent quâempĂȘcher lâaugmentation des rĂ©pĂ©titions CAG dans le cerveau pourrait ĂȘtre la clĂ© pour stopper complĂštement la maladie de Huntington. Mais personne ne sait combien de CAGs sont de trop dans le cerveau ou Ă quel Ăąge se produisent les augmentations de CAG.
Plusieurs Ă©tudes gĂ©nĂ©tiques importantes, rĂ©alisĂ©es au cours des derniĂšres annĂ©es, ont suggĂ©rĂ© que des rĂ©pĂ©titions CAG plus longues pourraient aider Ă expliquer pourquoi les cellules cĂ©rĂ©brales meurent dans le cadre de la maladie de Huntington. Par exemple, les personnes qui dĂ©veloppent la maladie plus tĂŽt ou plus tard que prĂ©vu prĂ©sentent des modifications gĂ©nĂ©tiques qui ont un impact sur lâinstabilitĂ© somatique de la rĂ©pĂ©tition CAG dans le gĂšne huntingtin. Ces gĂšnes sont appelĂ©s des gĂšnes « modificateurs » ; ils modifient lâĂąge auquel un individu commence Ă prĂ©senter des symptĂŽmes de la maladie.
«Certains scientifiques pensent quâempĂȘcher lâaugmentation des rĂ©pĂ©titions CAG dans le cerveau pourrait ĂȘtre la clĂ© pour arrĂȘter complĂštement la MH.»
Ce qui est intĂ©ressant câest que les gĂšnes modificateurs participent principalement au mĂȘme processus au sein de notre organisme, appelĂ© rĂ©paration des mĂ©sappariements, connu pour affecter lâinstabilitĂ© somatique de la rĂ©pĂ©tition CAG. TrĂšs suspect ! Cela suggĂšre que lâinstabilitĂ© somatique de la rĂ©pĂ©tition CAG est vraiment importante dans le cadre de la MH.
Dans la mesure oĂč lâinstabilitĂ© somatique dans les cellules cĂ©rĂ©brales peut contribuer Ă la mort de ces cellules et dans la mesure oĂč les gĂšnes de rĂ©paration des mĂ©sappariements ont un impact sur lâinstabilitĂ© somatique, les chercheurs MH sâintĂ©ressent maintenant Ă des mĂ©dicaments qui ciblent les gĂšnes de rĂ©paration des mĂ©sappariements. Peut-ĂȘtre quâen ciblant le bon gĂšne de rĂ©paration des mĂ©sappariements, nous pourrions stopper lâinstabilitĂ© somatique de la rĂ©pĂ©tition CAG dans les cellules cĂ©rĂ©brales vulnĂ©rables. Lâespoir est quâun mĂ©dicament qui rĂ©alise cela pourrait ralentir ou stopper la maladie de Huntington.
Un jeu de chiffres
Il se trouve que nous pouvons stopper lâinstabilitĂ© somatique dans le cerveau ! Nous pouvons au moins, pour le moment, le faire chez les souris. Plusieurs compagnies pharmaceutiques dĂ©veloppent des mĂ©dicaments MH ciblant les gĂšnes de rĂ©paration des mĂ©sappariements et lâinstabilitĂ© somatique dans le cadre de la maladie de Huntington (par exemple, les compagnies LoQus23, Rgenta et Voyager Pharmaceuticals).
Mais personne ne connaĂźt vraiment de quelle longueur doit ĂȘtre une rĂ©pĂ©tition CAG pour endommager les cellules cĂ©rĂ©brales, ni Ă quel moment vous devriez stopper lâinstabilitĂ© somatique chez les personnes dans le cadre dâun traitement pour la MH. De rĂ©centes Ă©tudes chez des souris MH ont tentĂ© de rĂ©pondre Ă ces questions en examinant lâimpact de lâarrĂȘt de lâinstabilitĂ© somatique chez des souris MH comportant diffĂ©rentes longueurs de rĂ©pĂ©titions CAG.

Ce qui est utile avec les souris câest quâelles naissent avec beaucoup plus de rĂ©pĂ©titions CAG que les personnes atteintes de la MH â car les chercheurs MH veulent que les souris dĂ©veloppent des symptĂŽmes de la MH plus rapidement que les individus. Par exemple, un type de souris modĂ©lisant la MH, appelĂ©e « Q111 », possĂšde plus de 100 rĂ©pĂ©titions CAG. Un autre modĂšle murin MH, appelĂ© « Q175 » possĂšde environ 185 rĂ©pĂ©titions CAG. Ces deux souris prĂ©sentent des symptĂŽmes MH en moins dâun an.
Définir le seuil
Les chercheurs pensent que ce seuil dâenviron 100 CAGs pourrait correspondre au nombre de rĂ©pĂ©titions nĂ©cessaires pour tuer les cellules cĂ©rĂ©brales chez les personnes atteintes de la maladie de Huntington. Alors, que se passe-t-il donc si vous stopper lâinstabilitĂ© somatique chez ces souris MH ? Vont-elles mieux ? Etonamment, la rĂ©ponse pour les souris nĂ©es avec 185 rĂ©pĂ©titions CAG est non. Elles dĂ©veloppent encore la MH alors mĂȘme que lâinstabilitĂ© somatique a Ă©tĂ© stoppĂ©e.
Aux termes dâune Ă©tude rĂ©cemment publiĂ©e par le laboratoire du Dr. Gill Bates de lâUniversitĂ© CollĂšge de Londres, les souris Q175, ayant environ 185 rĂ©pĂ©titions CAG, ont Ă©tĂ© modifiĂ©es afin de ne pas possĂ©der le gĂšne de rĂ©paration des mĂ©sappariements MSH3. Le gĂšne MSH3 est une cible hautement prioritaire pour les traqueurs de mĂ©dicaments MH dans car lâinstabilitĂ© somatique cesse complĂštement lorsque le gĂšne MSH3 disparaĂźt.
Comme prĂ©vu, lâinstabilitĂ© somatique est stoppĂ©e presque complĂštement dans le cerveau des souris Q175 lorsque MSH3 est supprimĂ©. Mais ces souris ont quand mĂȘme dĂ©veloppĂ© des caractĂ©ristiques de la MH mĂȘme si MSH3 a Ă©tĂ© supprimĂ© et que lâinstabilitĂ© somatique de la rĂ©pĂ©tition CAG a Ă©tĂ© stoppĂ©e.
«Ainsi, arrĂȘter lâinstabilitĂ© somatique dans les cellules cĂ©rĂ©brales avant quâelles nâatteignent 100 rĂ©pĂ©titions CAG peut ĂȘtre nĂ©cessaire pour que cette stratĂ©gie fonctionne chez lâhomme.»
Quâest-ce que cela pourrait-il signifier ? LâarrĂȘt de lâinstabilitĂ© somatique ne devrait-il pas empĂȘcher les souris de dĂ©velopper la MH ? LâĂ©quipe de Gill estime que les souris nĂ©es avec 185 rĂ©pĂ©titions CAG ont dĂ©jĂ trop de rĂ©pĂ©titions dans le cerveau ; donc arrĂȘter les expansions en dessous de 185 CAG sera probablement nĂ©cessaire pour traiter la MH chez lâhomme.
Cela rejoint les conclusions dâune prĂ©cĂ©dente Ă©tude, laquelle a Ă©liminĂ© MSH3 chez les souris Q111, ayant 100 rĂ©pĂ©titions CAG, soit moins que les 185 rĂ©pĂ©titions CAG Ă©tudiĂ©es par Gill. Dans cette autre Ă©tude, le Dr. Vanessa Wheeler a montrĂ© que les souris Q111 sans MSH3 ne prĂ©sentaient aucune instabilitĂ© somatique et une amĂ©lioration des marqueurs cellulaires de la MH. Ainsi, lâarrĂȘt de lâinstabilitĂ© somatique dans les cellules cĂ©rĂ©brales avant que ne soit atteint le seuil de 100 rĂ©pĂ©titions CAG pourrait ĂȘtre nĂ©cessaire pour que cette stratĂ©gie fonctionne chez lâhomme.
Quand doit-on traiter la maladie de Huntington ?
Cela soulĂšve la question que de nombreuses personnes se posent ces derniers temps : quand doit-on traiter la maladie de Huntington ? A quel moment une personne atteinte de la MH devrait-elle ĂȘtre traitĂ©e pour empĂȘcher ses cellules cĂ©rĂ©brales de se dĂ©velopper au-delĂ du seuil de 100 rĂ©pĂ©titions CAG ? Certaines cellules cĂ©rĂ©brales semblent avoir 100 rĂ©pĂ©titions CAG avant que les personnes ne commencent Ă prĂ©senter des symptĂŽmes MH mesurables. Ainsi, il serait peut-ĂȘtre nĂ©cessaire de traiter les personnes bien avant quâelles ne commencent Ă dĂ©velopper les symptĂŽmes.
Le fait de traiter les personnes avant quâelles ne dĂ©veloppent les symptĂŽmes MH soulĂšve de nombreuses questions difficiles auxquelles personne nâa encore de rĂ©ponse. Cependant, de nombreux scientifiques brillants Ă©tudient dĂ©sormais les rĂ©pĂ©titions CAG directement dans le cerveau des personnes atteintes de la MH afin de trouver des rĂ©ponses. Ces informations dĂ©taillant le seuil de la toxicitĂ© CAG aideront les scientifiques Ă concevoir de meilleurs mĂ©dicaments et les prochains essais cliniques pour cibler lâinstabilitĂ© somatique en tant que thĂ©rapie potentielle pour la maladie de Huntington.
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