Huntington’s disease research news.

En langage clair. Rédigé par des scientifiques.
Pour la communauté mondiale des personnes atteintes de maladies sexuellement transmissibles.

Sommeil, cils et maladie de Huntington

Nouvelles recherches sur la fonction du sommeil chez les animaux, avec des implications intéressantes pour la MH.

ÉditĂ© par Dr Jeff Carroll, PhD
Traduit par Laura Paermentier

Des Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© que le sommeil des personnes atteintes de la MH a tendance Ă  ĂŞtre moins rĂ©parateur, plus court et interrompu. Cependant,comme la recherche s’est toujours traditionnellement concentrĂ©e sur les troubles du mouvement caractĂ©ristiques de la MH, avec lesquels les problèmes de sommeil semblent n’avoir rien Ă  voir, très peu d’Ă©tudes ont Ă©tĂ© faites sur le sommeil et la MH.

Le sommeil, Ă  quoi sert-il?

Le problème est à présent bien plus complexe. Il est clair que la MH implique bien plus de structures cérébrales que simplement celles qui sont responsables du mouvement. Il semble que le sommeil -cette vague activité innée qui occupe un tiers de notre vie- joue aussi un rôle important.

Il est bien reconnu que le sommeil est indispensable Ă  la santĂ© et au bien-ĂŞtre, et qu’un manque lĂ©ger de sommeil affecte notre humeur et nos capacitĂ©s d’apprentissage et de raisonnement. En cas de manque modĂ©rĂ© de sommeil, notre système immunitaire devient moins efficace et notre système hormonal peut mĂŞme aussi ĂŞtre affectĂ©. Dans la MH,le manque de sommeil peut avoir un effet encore plus nĂ©faste.

Le liquide céphalorachidien, ou LCR, circule dans le cerveau, le baigne et aide à se débarrasser des débris cellulaires.
Le liquide céphalorachidien, ou LCR, circule dans le cerveau, le baigne et aide à se débarrasser des débris cellulaires.
Image credit: Wikicommons

Le sommeil peut avoir un effet protecteur dans la MH.

Certains symptĂ´mes de la MH, tels qu’une dĂ©tĂ©rioration mentale ou une certaine maladresse, ressemblent un peu aux symptĂ´mes rencontrĂ©s en cas de manque chronique de sommeil. Les scientifiques pensent Ă  prĂ©sent que dans le cas de la MH, un manque de sommeil est un problème frĂ©quent, dissimulĂ© parmi d’autres symptĂ´mes, et qui pourrait influencer la progression de la MH.

Jusqu’Ă  prĂ©sent, aucune Ă©tude systĂ©matique n’a pu dĂ©terminer si un manque de sommeil pouvait ĂŞtre la cause de certains symptĂ´mes de la MH. Cette idĂ©e est intĂ©ressante parce que si c’ est effectivement le cas( si un manque de sommeil provoque certains symptĂ´mes),les troubles du sommeil pourraient devenir une cible thĂ©rapeutique importante.

Bien que le traitement des troubles du sommeil chez les patients atteints de la MH n’ait pas non plus Ă©tĂ© mĂ©thodiquement Ă©tudiĂ©, certaines Ă©vidences semblent impliquer qu’imposer un rĂ©gime de sommeil rĂ©gulier chez les modèles de souris HD ait un effet protecteur.

«Une nouvelle Ă©tude menĂ©e par Dr Nedergaard de l’Universite de Rochester, New York, suggère que le sommeil pourrait jouer un rĂ´le particulièrement important en aidant au « nettoyage » du cerveau. Bien que cette Ă©tude ne se concentre pas spĂ©cifiquement sur la MH, elle soulève quelques questions intĂ©ressantes sur le rĂ´le du sommeil dans certaines maladies comparables Ă  la MH.»

Dans une Ă©tude, des souris porteuses de la mutation gĂ©nĂ©tique de la MH ont Ă©tĂ© injectĂ©es avec un produit somnifère chaque nuit, afin de les forcer Ă  s’endormir. Afin de tester leurs capacitĂ©s d’apprentissage et de mĂ©moire au moyen d’un test plutĂ´t standard (mais peut ĂŞtre un peu Ă©tonnant), ces souris furent plongĂ©es dans un bac d’eau contenant une plate-forme submergĂ©e et Ă©clairĂ©e (et donc localisable). Comme les souris prĂ©fèrent nettement rester sur la plate-forme que de nager, les chercheurs ont pu observer Ă  quel point les souris arrivaient Ă  comprendre et se souvenir du signal lumineux (lumière= plate-forme), en Ă©tudiant la direction suivant laquelle elles dĂ©cidaient de nager lors de tests consĂ©cutifs (c’est Ă  dire si les souris se mettaient Ă  nager directement vers la plate-forme ou non).

Les scientifiques pensent que ce genre d’activitĂ© d’ apprentissage et de mĂ©moire implique certaines structures cĂ©rĂ©brales particulièrement atteintes dans la MH. Les souris qui ont Ă©tĂ© forcĂ©es Ă  s’endormir se sont mieux dĂ©brouillĂ©es lors du test, ce qui suggère une conservation de ces structures cĂ©rĂ©brales, ou du moins de leur fonction.

On ne peut Ă©videmment pas utiliser cette Ă©tude pour dĂ©terminer le bĂ©nĂ©fice potentiel des traitement des troubles du sommeil chez des humains -elle ne nous dit certainement pas si le sommeil, induit de façon mĂ©dicamenteuse, amĂ©liore la santĂ© globale des patients atteints de la MH. Par contre, cette Ă©tude apporte un dĂ©but d’Ă©vidence Ă  propos du rĂ´le nocif des troubles du sommeil sur la progression de la MH.

Comme la protéine Abeta, la protéine mutante qui cause la MH forme des agglomérats épais dont on voit ici la version purifiée.
Comme la protéine Abeta, la protéine mutante qui cause la MH forme des agglomérats épais dont on voit ici la version purifiée.

Les hormones du sommeil aident les souris atteintes de la MH.

Une façon dont notre corps contrĂ´le le sommeil, est en produisant de la mĂ©latonine -un messager chimique-: la libĂ©ration de mĂ©latonine par le cerveau signale le moment de s’ endormir, et par consĂ©quent nous commençons Ă  nous assoupir.

Les gens atteints de la MH produisent moins de mĂ©latonine durant la nuit, ce qui peut en fait contribuer aux troubles du sommeil qu’ils peuvent parfois rencontrer. Afin de dĂ©terminer l’effet potentiel de diffĂ©rentes quantitĂ©s de mĂ©latonine, des chercheurs ont injectĂ© chaque jour une dose supplĂ©mentaire de mĂ©latonine dans des souris porteuses de la mutation de la MH.Ces souris ont survĂ©cu plus longtemps et ont montrĂ© moins de dĂ©tĂ©rioration cĂ©rĂ©brale que les souris injectĂ©es avec un produit placebo. Cet effet « protecteur » de la mĂ©latonine est-il liĂ© a son rĂ´le dans la rĂ©gulation du sommeil? C’est une explication possible, cependant cet effet protecteur a aussi Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© dans une culture de cellules HD, qui elles ne dorment pas. Pour plus d’informations et une discussion plus en profondeur sur ce sujet, consultez l’article suivant sur HDBuzz http://en.hdbuzz.net/057.

Nous savons que dans la maladie de Huntington, des agrĂ©gats de protĂ©ine de Huntingtine s’accumulent dans les cellules cĂ©rĂ©brales, entrainant l’interruption d’importants processus cellulaires.Pour une cellule, et particulièrement pour les cellules cĂ©rĂ©brales qui vivent si longtemps, pouvoir se dĂ©barrasser des dĂ©chets et de matĂ©riel abimĂ© est vraiment important. Il semble que ce procĂ©dĂ© ne se passe pas correctement dans la MH.

«Ce travail innovateur du Dr. Nedergaard pose beaucoup de questions. Se pourrait-il qu’un sommeil de pauvre qualitĂ© dans la maladie d’ Alzheimer affecte le nettoyage des amas de protĂ©ine (A beta) et contribue au dĂ©veloppement de la maladie? Un sommeil dysfunctionnel pourrait il aussi affecter l’ agglomĂ©ration de protĂ©ine de Huntingtine dans la MH? Nous n’en savons encore rien, mais vous pouvez ĂŞtre certains que des scientifiques se penchent sur la question. »

Comment le cerveau se débarrasse-t-il des déchets?

Une nouvelle Ă©tude menĂ©e par Dr Nedergaard de l’UniversitĂ© de Rochester, New York, suggère que le sommeil pourrait jouer un rĂ´le particulièrement intĂ©ressant dans ce procĂ©dĂ©.Bien que cette Ă©tude ne se concentre pas spĂ©cifiquement sur la MH, elle soulève quelques questions intĂ©ressantes sur le rĂ´le du sommeil dans certaines maladies comparables Ă  la MH. Une façon dont les cellules se dĂ©barrassent des produits qu’elles ne peuvent pas recycler, est de les rejeter dans le liquide qui se trouve entre les cellules; ce liquide est appelĂ© le « liquide interstitiel ». Chaque jour, le corps humain se charge de nettoyer cet espace (entre les cellules): ceci est fait en grande partie par le système lymphatique– un système complexe qui se dĂ©barrasse et filtre le liquide interstitiel, et qui est aussi connectĂ© au système immunitaire. La lymphe (un liquide surtout composĂ© de plasma)est produite par le système lymphatique; elle est absorbĂ©e dans les tissus et les nettoie de leurs dĂ©chets.

Cependant, le cerveau n’est pas connectĂ© au système lymphatique; pourtant, l’espace entre les cellules cĂ©rĂ©brales doit ĂŞtre nettoyĂ© -peut ĂŞtre plus encore que pour le reste du corps humain. Le cerveau utilise donc un système similaire par le biais d’un liquide appelĂ© *le liquide cĂ©phalorachidien (LCR)dans lequel baigne le cerveau. Ce liquide joue le rĂ´le de la lymphe en nettoyant l’espace interstitiel de ses dĂ©chets. L’Ă©quipe du Dr. Nedergaard a voulu Ă©tudier l’efficacitĂ© de ce système de nettoyage de dĂ©chets cĂ©rĂ©braux et a donc injectĂ© ce genre de dĂ©tritus dans le liquide interstitiel cĂ©rĂ©bral de souris. Lorsqu’ils ont mesurĂ© la quantitĂ© rĂ©siduelle de diffĂ©rents dĂ©chets (c’est a dire après le nettoyage par le liquide interstitiel), ils furent ravis de constater que le cerveau avait plutĂ´t fait un bon boulot. Une des protĂ©ines particulièrement bien Ă©vacuĂ©e est la proteine « amyloĂŻde beta » (aussi appelĂ©e A beta). A beta est l’Ă©lĂ©ment principal composant les agglomĂ©rats de protĂ©ine amyloĂŻde que l’on trouve entre les cellules malades chez les gens atteints de la maladie d’Alzheimer. La cause principale de la maladie d’Alzheimer n’est toujours pas connue, mais les scientifiques ont depuis longtemps soupçonnĂ© que l’accumulation d’A beta provoquerait des agglomĂ©rats entre les cellules; ces agglomĂ©rats, appelĂ©s « plaques », entraineraient une mauvaise communication entre les cellules et la mort de ces cellules au fil de la progression de la maladie. Dans cette optique, la maladie d Alzheimer est assez similaire Ă  la MH: toutes deux rĂ©sultent de l’agglomĂ©ration d’une protĂ©ine toxique pour les neurones environnants. La protĂ©ine A beta que l’on trouve diluĂ©e dans le liquide interstitiel n’est pas identique Ă  celle trouvĂ©e dans les plaques, mais cependant certaines Ă©vidences indiquent que leur quantitĂ© sont associĂ©es. Ceci signifie-t-il qu’un meilleur nettoyage de l’A beta diluĂ©e dans le liquide interstitiel pourrait rĂ©duire son accumulation (et la formation de plaques)? Ceci reste Ă  ĂŞtre prouvĂ©, mais quoi qu’il en soit, c’ est une dĂ©couverte intĂ©ressante pour la recherche sur la maladie d Alzheimer -bien que vaguement liĂ©e Ă  la MH.

Faire le nettoyage chaque nuit.

Les cils, ces minuscules "poils" qui tapissent les ventricules cérébraux, battent de façon synchronisée pour pomper le liquide céphalorachidien. Ce mécanisme est affecté dans la MH, mais il n'est pas encore clair si ceci est lié aux problèmes de "nettoyage de déchets" observés dans le cerveau atteint par la MH.
Les cils, ces minuscules « poils » qui tapissent les ventricules cĂ©rĂ©braux, battent de façon synchronisĂ©e pour pomper le liquide cĂ©phalorachidien. Ce mĂ©canisme est affectĂ© dans la MH, mais il n’est pas encore clair si ceci est liĂ© aux problèmes de « nettoyage de dĂ©chets » observĂ©s dans le cerveau atteint par la MH.

Nedergaard et ses collègues se sont ensuite penchĂ©s sur une autre question, ce qui les a menĂ©s Ă  une autre rĂ©flexion plus globale sur la fonction du sommeil. Cette Ă©quipe de chercheurs savaient que l’on trouve plus de A beta dans le liquide interstitiel de sujets (souris et humains) Ă©veillĂ©s que lorsqu’ils sont endormis. Ils se sont donc demandĂ©s si la protĂ©ine A beta est mieux Ă©liminĂ©e pendant le sommeil, ou si plutĂ´t moins d’A beta est produite durant le sommeil. Pour Ă©tudier cette question, ils ont entrainĂ© des souris de sorte Ă  ce qu’elles s’endorment tout en Ă©tant connectĂ©es Ă  un Ă©quipement testeur; ils ont ensuite rĂ©pĂ©tĂ© leur expĂ©rience prĂ©cĂ©dente en injectant des dĂ©chets dans le liquide interstitiel de ces souris. Ils ont dĂ©montrĂ© que chez les souris endormies, le nettoyage de ces dĂ©chets est plus efficace, et notamment celui de la protĂ©ine A beta (deux fois plus que lorsque les souris sont rĂ©veillĂ©es). Comment peut-on expliquer cet effet dramatique du sommeil sur l’efficacitĂ© avec laquelle le cerveau est nettoyĂ© de ses dĂ©chets? Une explication simple est que durant la nuit, certaines cellules cĂ©rĂ©brales rĂ©trĂ©cissent afin d’augmenter l’ espace qui existe entre elles. Dans ce cas, plus le liquide pourrait passer entre ces cellules et par consĂ©quent pourrait emporter plus de dĂ©chets. Une expĂ©rience menĂ©e a d ailleurs confirmĂ© que l’espace interstitiel est en effet plus large dans le cerveau des souris endormies. Ce travail innovateur Dr. Nedergaard soulève beaucoup de questions. Se pourrait-il que les troubles du sommeil dans la maladie d’Alzheimer affecte le nettoyage des amas de protĂ©ine (A beta)et contribue au dĂ©veloppement de la maladie? Un sommeil dysfunctionnel pourrait-il aussi affecter l’agglomĂ©ration de protĂ©ine de Huntingtine dans la MH? Nous n’en savons encore rien, mais vous pouvez ĂŞtre certains que des scientifiques se penchent sur la question.

Le sommeil, Ă  la rescousse?

Ces nouvelles dĂ©couvertes peuvent peut-ĂŞtre Ă©claircir d’anciennes idĂ©es. Comme nous l’avons prĂ©cĂ©demment rapportĂ© sur HDBuzz, plusieurs groupes de chercheurs ont montrĂ© que les « cils » ne fonctionnent pas correctement dans les cerveaux touchĂ©s par la MH. Les cils sont des cellules qui agissent comme des rames microscopiques qui contrĂ´lent le flux du liquide cĂ©phalorachidien Ă  travers le cerveau en bougeant de façon synchronisĂ©e. Dans la MH, les cils des cellules cĂ©rĂ©brales ne sont pas très efficaces, et dès lors, le flux est rĂ©duit. La nouvelle Ă©tude de Nedergaard apporte un nouvel Ă©lĂ©ment sur le possible rĂ´le des cils dysfonctionnels dans la MH. La question maintenant devient la suivante: existe-t-il une connexion entre un pauvre sommeil dans la MH et l’accumulation de protĂ©ines toxiques dans les cellules cĂ©rĂ©brales? Et encore plus: ces problèmes pourraient-ils ĂŞtre expliquĂ©s par un mauvais fonctionnement des cils dans les cerveaux des personnes atteintes de la MH? Il est cependant important de rester conscient des limites de ces Ă©tudes sur le sommeil et sur la protĂ©ine Abeta. D’ abord, ces Ă©tudes ont Ă©tĂ© faites sur des souris, et il est possible que les cerveaux de souris se comportent diffĂ©remment des cerveaux humains pendant le sommeil. En outre, aucune recherche du Dr Nedergaard ne s’est concentrĂ©e sur la MH, qui implique l’agglomĂ©ration d ‘une protĂ©ine particulière Ă  l’intĂ©rieur des cellules, et non entre les cellules.Des lors, il est difficile de savoir Ă  quel point cette recherche peut avoir un impact sur ce que l’ on connait de la MH. Cependant, tout en restant bien conscient de ces dernières remarques, cela vaut vraiment la peine de se laisser emballer par les nombreuses nouvelles questions soulevĂ©es par cette recherche. De nouveaux pointillĂ©s se sont formĂ©s entre les lignes- il ne reste plus qu’ Ă  les relier, ou Ă  les effacer.

Pour en savoir plus

Les auteurs n’ont aucun conflit d’intĂ©rĂŞt Ă  dĂ©clarer.

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